L’année 2021 a mis nos nerfs à dure épreuve, à mesure que les statistiques sur les pandémies et les aléas politiques soufflaient le chaud et le froid. La nouvelle année sera sensiblement similaire, d’autant qu’il y aura des élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre – et elles seront déterminantes. Compte tenu de ce haut degré d’incertitude, il semble imprudent de faire des prédictions très assurées. Pourtant, je vais donner mes meilleurs pronostics.
Pour commencer, le Covid-19 sera enfin jugulé, mais pas éradiqué. Suffisamment de personnes auront été vaccinées dans suffisamment de régions du monde pour surmonter la peur qui pèse sur nous depuis deux ans. Mais faire que ce relâchement d’une énergie jusqu’ici retenue permette de redémarrer l’économie mondiale ne sera pas si simple.
Le système des prix peut fournir des indications fiables pour les décisions marginales – l’économie a besoin d’un peu plus de ceci, d’un peu moins de cela – mais il n’est pas aussi efficace pour gérer de grandes transformations structurelles comme les tournants de l’agriculture vers l’industrie, de l’industrie vers les services et de la paix vers la guerre (ou vice versa). Nous constatons déjà de nombreux hoquets – et il pourrait y en avoir d’autres –, mais nous devrions nous préparer à des changements importants dans les modes de production et de consommation : davantage de visioconférences et d’e-commerce, moins d’achats physiques dans les commerces de détail traditionnels. La demande de biens immobiliers commerciaux pourrait diminuer, tandis que la demande de logements pourrait augmenter.
Le marché du travail est perturbé comme jamais auparavant, et certains de ces changements pourraient s’avérer permanents. De nombreux travailleurs se demandent si cela vaut la peine de conserver son emploi : pourquoi endurer tant de stress et de si mauvaises conditions de travail pour un si bas salaire ? Les pénuries de main-d’œuvre aux Etats-Unis ont persisté même après l’expiration des allocations-chômage. Les travailleurs sont plus exigeants, et cela pourrait faire pencher le rapport de force en faveur de la main-d’œuvre, après quatre décennies d’augmentation de la part du capital dans le gâteau économique.
Inflation et chômage
Les nouvelles pénuries se refléteront dans les prix de façon asymétrique, mais les hausses de prix résultant des pénuries ont tendance à être disproportionnées par rapport aux réductions de prix résultant des excédents, ce qui signifie que l’inflation est probable. Le problème est que, si nous savons contrôler l’inflation lorsqu’elle résulte d’une demande excessive, dans le contexte actuel, bien différent, la hausse des taux d’intérêt va augmenter le chômage plus qu’elle ne va diminuer l’inflation…
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