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En Afghanistan, le recul des droits des femmes

Manifestation de femmes afghanes contre les « recommandations » très restrictives des talibans à leur égard, à Kaboul, le 28 décembre 2021. MOHD RASFAN / AFP

Mardi 28 décembre au matin, une cinquantaine de femmes se sont rendues dans le quartier de Shahr-e Naw, dans le centre de Kaboul. Leur but : protester contre les talibans qui, depuis leur arrivée au pouvoir, le 15 août, grignotent, jour après jour, les droits humains, notamment ceux des femmes. La veille, le ministère afghan de la promotion de la vertu et de la prévention du vice a annoncé de nouvelles « recommandations » concernant les femmes.

Il est désormais demandé aux conducteurs de ne pas prendre de femmes à leur bord sur des distances au-delà de 45 miles (72 kilomètres) si ces Afghanes ne sont pas accompagnées par un parent masculin. De plus, ces femmes doivent respecter « le voile islamique ». Il n’est pas clair si, par ce dernier terme, les talibans entendent la burqa, obligatoire lors de leur premier règne (1996-2001), ou bien le foulard, comme cela a été la coutume pendant ces vingt dernières années. Autre « recommandation » des talibans : l’interdiction d’écouter de la musique dans les voitures.

Selon une manifestante, Zahra Muhammadi, dentiste, les talibans ont déjà commencé à ériger des barrages, à Kaboul, pour vérifier que les conducteurs respectent bien ces nouvelles règles. « A côté de mon cabinet, les talibans faisaient descendre les femmes pour vérifier qu’elles étaient assez couvertes et accompagnées par des hommes de leur famille », explique cette Afghane de 27 ans.

Ces nouvelles restrictions s’ajoutent à d’autres, déjà appliquées, dont la privation d’école pour les filles âgées de plus de 12 ans dans de nombreuses provinces afghanes, et l’interdiction pour les chaînes télévisées afghanes de diffuser des émissions et des séries dans lesquelles apparaissent des femmes.

Manifestation réprimée

« Les talibans veulent faire en sorte que l’Afghanistan retourne aux années noires de leur premier règne, explique l’une des manifestantes à Kaboul, la poétesse Hoda Khamosh, contactée sur WhatsApp. Si nous n’élevons pas la voix, nous serons encore plus marginalisées. »

Lors d’une manifestation de femmes afghanes contre les nouvelles « recommandations » restrictives des talibans, à Kaboul, le 28 décembre 2021. ALI KHARA / REUTERS

Figure très active, Hoda Khamosh, âgée de 27 ans, appartient à la génération des femmes ayant grandi après la chute des talibans en 2001, à la suite de l’intervention militaire internationale, menée par Washington, après le 11-Septembre. Pendant cette période, les Afghanes ont pu accéder à l’éducation et à l’emploi. La liberté de la presse et celle d’expression existaient. Mais la corruption des dirigeants de l’ancien régime afghan, leur incompétence et l’insécurité provoquée par la poursuite des combats entre les talibans et le pouvoir ont porté atteinte à la légitimité du système politique, accélérant son échec et sa chute. Aujourd’hui, les femmes éduquées et émancipées sont au premier rang des contestataires du pouvoir taliban qui n’a toujours pas été reconnu par la communauté internationale.

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