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Le dirigeant du Xinjiang quitte son poste après cinq ans de répression contre les Ouïgours

Le secrétaire du parti du Xinjiang, Chen Quanguo, lors d’une réunion de la délégation du Xinjiang à l’Assemblée nationale populaire, à Pékin, le 12 mars 2019. GREG BAKER / AFP

Célèbre pour avoir orchestré la répression contre les Ouïgours et autres minorités musulmanes ces cinq dernières années, le secrétaire du parti du Xinjiang, et donc le numéro un de la région, Chen Quanguo, 66 ans, a laissé sa place. Pour le remplacer, Pékin a nommé Ma Xingrui, un scientifique, ancien chef du programme spatial chinois devenu numéro deux de la province du Guangdong, l’une des plus dynamique de Chine, a révélé l’agence de presse officielle Chine nouvelle samedi 25 décembre, sans autre explication.

Cette annonce intervient quelques jours après l’adoption, par les Etats-Unis, d’une loi interdisant l’importation de produits du Xinjiang, en raison d’accusations de travail forcé. Mais la transition entreprise ne doit pas être surinterprétée : malgré les critiques et les sanctions dont il a fait l’objet de la part de l’Europe et des Etats-Unis, Chen Quanguo n’a jamais été désavoué par Pékin. Ma Xingrui pourrait avoir la tâche de relancer une économie régionale étouffée par la répression, et désormais visée par des sanctions internationales.

Du point de vue de Pékin, Chen Quanguo quitte la région autonome du Xinjiang le devoir accompli. Comme le répètent les autorités, le Xinjiang n’a pas connu un seul attentat depuis 2017, alors qu’ils étaient récurrents les années précédentes. Arrivé à la tête de la région mi-2016, il a mis en place un appareil sécuritaire inédit : postes de police installés à tous les coins de rue, patrouilles de police surarmées, checkpoints… Le Xinjiang de Chen Quanguo avait des airs de zones de guerre. Surtout, l’homme a présidé à la construction de centaines de camps de « rééducation » à travers la région, et multiplié prisons et centres de détention. Selon des experts, entre un et deux millions de Ouïgours ont été détenus dans ces camps depuis 2017, sur une population de 11 millions de personnes.

Camps de rééducation

Originaire du Henan, une province pauvre du centre de la Chine, Chen Quanguo s’est engagé dans l’Armée populaire de libération en 1973. Après la fin de la Révolution culturelle (1966-1976), il a repris des études d’économie politique, avant de commencer une carrière de responsable local. Chen Quanguo a gravi les échelons alors que l’actuel premier ministre, Li Keqiang, dirigeait la province. En 2011, il a ainsi été nommé à la tête de la région autonome du Tibet, où il a testé une partie des mesures sécuritaires drastiques ensuite mises en place au Xinjiang : recrutement massif de policiers et mise en place d’une surveillance permanente impliquant les habitants eux-mêmes. Alors que les immolations par le feu de moines et nones bouddhistes se multipliaient, des milliers d’entre eux étaient envoyés dans des camps de rééducation.

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