LETTRE DE BERLIN
La nouvelle maire de Berlin, Franziska Giffey, à l’hôtel de ville de Berlin (Rote Rathaus) le 21 décembre 2021, après son élection. TOBIAS SCHWARZ / AFP
Il y avait Femke Halsema à Amsterdam, Alison Gilliland à Dublin, Lydie Polfer à Luxembourg, Anne Hidalgo à Paris, Yordanka Fandakova à Sofia et Anna König Jerlmyr à Stockholm. Désormais, il y a aussi Franziska Giffey à Berlin. Avec l’élection de cette sociale-démocrate (SPD) de 43 ans, le 21 décembre, ce sont maintenant sept des vingt-sept capitales de l’Union européenne qui ont une femme à leur tête.
Une femme a déjà gouverné Berlin. C’était à l’orée de la guerre froide et elle s’appelait Louise Schroeder (1887-1957). Adjointe d’Otto Ostrowski (SPD), élu maire en décembre 1946, cette figure du mouvement ouvrier allemand lui succéda en mai de l’année suivante après qu’un vote de défiance l’eut contraint à démissionner. Elle assura l’intérim pendant dix-neuf mois, jusqu’à l’élection du maire suivant, Ernst Reuter, en décembre 1948. Dix-neuf mois d’une rare intensité, puisqu’ils coïncidèrent avec les débuts du pont aérien mis en place par les Occidentaux pour ravitailler la ville pendant le blocus imposé par les Soviétiques (juin 1948-mai 1949).
Si elle n’est pas la première femme à occuper le fauteuil de maire de Berlin, Franziska Giffey est cependant la première à avoir été élue à ce poste. Membre du SPD, comme sa lointaine devancière, son histoire la relie aussi à la guerre froide, du moins à la toute fin de celle-ci : née en 1978 à Francfort-sur-l’Oder, en République démocratique allemande (RDA), cette fille d’un mécanicien et d’une comptable avait 12 ans lors de la réunification, ce qui en fait une représentante typique des « Wendekinder » (« enfants de la transition »), cette dernière génération d’Allemands gardant des souvenirs concrets de ce qu’était la vie derrière le rideau de fer. Dans la dernière « grande coalition » d’Angela Merkel, dont elle fut ministre de la famille de mars 2018 à mai 2021, Franziska Giffey était d’ailleurs la seule – la chancelière mise à part – à avoir grandi en RDA.
Soupçons de plagiat
Tête de liste du SPD aux élections organisées le 26 septembre dans la ville-Land de Berlin – le même jour que les législatives –, Franziska Giffey n’était pas la favorite sur la ligne de départ. Jusqu’à deux mois avant le scrutin, ce sont les Verts et les chrétiens-démocrates (CDU) qui faisaient la course en tête dans les sondages, comme dans le reste du pays. Et puis le vent a fini par tourner, et Franziska Giffey a réussi à Berlin ce qu’Olaf Scholz est parvenu à faire à l’échelle nationale : faire gagner un SPD qui paraissait promis à rejoindre l’opposition. Dans la capitale, le parti a obtenu 21,4 % des voix (4,3 points de moins qu’aux législatives), le plus mauvais score de son histoire mais un résultat suffisant pour conserver la mairie, qu’il dirige sans discontinuer depuis 2001.
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