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Dix femmes qui ont marqué l’année 2021

Inspirantes, engagées, lanceuses d’alerte, pionnières. Elles ont marqué l’année 2021 par leurs exploits, leur courage ou leur aura. France 24 a sélectionné les figures féminines les plus marquantes des 12 derniers mois.  

Malgré la poursuite de la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a été marquée par la reprise des grands évènements sportifs, notamment des Jeux olympiques, où l’on a vu des championnes s’illustrer et profiter du feu des projecteurs pour prendre la parole haut et fort, parfois pour dénoncer des violences faites aux femmes.  

Dans la veine du mouvement #Metoo et grâce à la complicité des réseaux sociaux, les dénonciations ont continué partout dans le monde, n’épargnant pas la Chine, où le sort de la joueuse de Tennis Peng Shuai reste très préoccupant. 

En Afghanistan, la situation des femmes inquiète elle aussi après le retour au pouvoir des Taliban à Kaboul et l’anéantissement de plusieurs décennies d’avancées sociales pour les Afghanes. 

En politique, 2021 marque le départ de la chancelière Angela Merkel, qui cède sa place à un homme, Olaf Sholz. En Afrique, une autre femme émerge, la tunisienne Najla Bouden est la première femme à la tête d’un gouvernement dans un pays arabe. 

France 24 vous présente une rétrospective chronologique des moments forts de l’année au féminin. 

Clarisse Cremer, la femme la plus rapide du monde en monocoque 

La navigatrice française Clarisse Cremer à l’arrivée du Vendée Globe, le 3 février 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AFP

Le 3 février 2021, la navigatrice française a battu le record féminin du tour du monde en solitaire en monocoque et sans assistance, détenu jusqu’ici par la Britannique Ellen MacArthur. 

Arrivée en deuxième position au Vendée Globe, Clarisse Cremer a bouclé son tour du monde en quatre-vingt sept jours, deux heures, vingt-quatre minutes et 25 secondes. Elle devient la femme la plus rapide de cette aventure sportive et la septième seulement à terminer cette régate réputée dangereuse.  

Les femmes ont longtemps été exclues du monde de la navigation. Ce n’est qu’à partir des années 1970 que les courses se féminisent. À l’image de Florence Arthaud, ou d’Ellen Mac Arthur, Clarisse Cremer a écrit à son tour une nouvelle page de l’histoire.  

Clarisse Agbégnénou, une championne olympique engagée pour les femmes 

La judoka française médaillée d’or lors des jeux olympiques de Tokyo, le 2 août 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AFP

À 28 ans, la quintuple championne du monde de judo a décroché l’or à Tokyo le 27 juillet, seul titre qui manquait à sa déjà riche carrière. Mais l’engagement et l’énergie de Clarisse Agbégnénou débordent des dojos.  

La judoka, devenue l’un des symboles du sport français, combat les stéréotypes sexistes. Cette ancienne adjudant de gendarmerie promeut l’accès des jeunes filles aux sports, aux jeux et aux métiers considérés comme masculins. Clarisse Agbégnénou lutte aussi contre les sujets tabous chez les sportives, comme la peur des menstruations féminines sur un kimono blanc ou le désir de se consacrer à la maternité entre deux échéances olympiques. 

Sur le terrain, l’effet Agbégnénou fonctionne, et des clubs de judo constatent un engouement des jeunes françaises pour la discipline.

Le courage des Afghanes face aux Taliban 

Plusieurs journalistes ont été frappés par les Taliban pour empêcher la couverture de cette manifestation de femmes à Kaboul le 21 octobre 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AFP

Fin août, les Taliban ont repris le pouvoir en Afghanistan après la chute de Kaboul. Malgré les risques, dans les mois qui ont suivi, des dizaines d’Afghanes ont défilé dans plusieurs grandes villes du pays, réclamant leur droit à l’éducation, au travail et à la représentativité politique. 

Arrestations et intimidations s’en sont suivis. Le 5 novembre, les corps criblés de balles de quatre militantes ont été retrouvés dans une fosse de Mazar-i-Sharif, situé dans le nord. Parmi ces victimes figurait Forouzan Safi, une militante des droits des femmes très active dans le pays et dans les manifestations organisées dans cette ville. 

Si les Taliban se sont engagés à gouverner moins brutalement que dans les années 1990, les femmes sont toujours largement exclues de la fonction publique, de l’accès à l’éducation secondaire et elles risquent des représailles si elles sortent dans l’espace public sans être accompagnée par un tuteur masculin. Rencontrées à Kandahar par France 24, elles témoignent de la multiplication des passages à tabac, des mariages forcés et des kidnappings. Les Afghanes sont aussi les premières victimes de la crise économique qui frappe le pays, désormais isolé sur le plan international. Des journalistes de France 24 ont rapporté des cas de ventes de fillettes par leurs mères pour subvenir aux besoins du reste de la famille. 

Najla Bouden, première femme à la tête d’un gouvernement dans un pays arabe 

La Première ministre tunisienne Najla Bouden a pris ses fonctions le 11 octobre 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AP

Inconnue du grand public, Najla Bouden a été nommée Première ministre de la Tunisie par le président Kaïs Saïed fin septembre, à la surprise générale. Jamais une femme n’avait occupé ce poste dans le pays, ni dans le monde arabe. 

Née en 1958, cette scientifique de formation, docteure en géologie, a été chargée de mission, puis directrice générale au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Avant sa nomination, elle était chargée d’un projet de réforme universitaire. 

Simple affichage ? Coup de communication ? Les observateurs de la politique tunisienne s’interrogent sur la nomination de Najla Bouden à la tête du gouvernement, alors que le président est plutôt connu pour ses positions conservatrices sur la question des mœurs. D’autres ont des questionnements sur sa capacité d’action, dans un contexte où Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs après avoir suspendu le Parlement fin juillet.  

Frances Haugen, la lanceuse d’alerte qui fait trembler Facebook 

L’ancienne employée de Facebook Frances Haugen devant le Sénat américain, le 5 octobre 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AP

Le monde a découvert son visage le 3 octobre. Cette femme de 37 ans, ancienne membre d’une équipe dédiée à l’intégrité civique au sein du groupe de Mark Zuckerberg, a récolté des milliers de documents internes avant de quitter l’entreprise en mai. 

Frances Haugen a décidé de partager ces documents pour faire comprendre que Facebook peut être aussi dangereux que bienfaisant et qu’il doit en conséquence être bridé, ce qui en fait une lanceuse d’alerte. Depuis, cette ex-ingénieure de la Silicone Valley parcourt le monde, de plateaux en parlements, de Washington à Bruxelles, pour livrer son témoignage accablant sur les choix de Facebook. 

Katalin Kariko, mère des vaccins à ARN messager

La biologiste Katalin Kariko reçoit le prix Princesse des Asturies en Espagne, le 22 octobre 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AP

Elle a sauvé des milliers de vie grâce à ses travaux pionniers sur les vaccins à ARN messager. Katalin Kariko a contribué au perfectionnement de la technologie dite de l’ARN messager​, ce qui a permis la mise au point des vaccins de Pfizer et Moderna pour lutter contre le Covid-19.

Cette biochimiste d’origine hongroise n’a pas toujours été reconnue. Dans les années 1990, alors qu’elle travaillait aux États-Unis, ses demandes de financement ont été plusieurs fois rejetées. La communauté scientifique s’intéressait davantage aux recherches sur l’ADN et à la thérapie génique.

Si elle n’a pas obtenu le Nobel cette année, Katalin Kariko a été récompensée en octobre 2021 par la Fondation L’Oréal et l’Unesco pour les Femmes et la Science.

Maria Ressa, pilier de la liberté de la presse aux Philippines

La journaliste philippine Maria Ressa, le 10 décembre 2021 à Oslo. © Studio Graphique France Médias Monde / AP

Actuellement en liberté conditionnelle, la journaliste Maria Ressa, 58 ans, attend son jugement en appel après une condamnation pour diffamation dans son pays, les Philippines. Le monde a découvert son combat pour la liberté de la presse en octobre, lorsqu’elle a été désignée Nobel de la paix 2021. Un prix qu’elle partage avec le journaliste russe Dmitri Mouratov.  

Aux manettes de Rappler, un site très critique du président Rodrigo Duterte, Maria Ressa travaille sur le sujet sensible de la guerre contre la drogue aux Philippines. Dans cet État d’Asie du Sud-Est, le dirigeant Duterte s’est lancé dans une très violente lutte contre les stupéfiants, au nom de laquelle des milliers de personnes ont été exécutées par des « escadrons de la mort ». Rappler fait partie des rares médias qui ont publié les images choquantes de ces exécutions et ont interrogé les fondements légaux d’une telle opération. 

Maria Ressa a dû demander à quatre tribunaux la permission d’aller chercher son prix Nobel en personne à Oslo en décembre, avant de retourner aux Philippines. Malgré les pressions continues, Maria Ressa, qui possède aussi la nationalité américaine, tient à rester dans son pays d’origine pour continuer à y exercer son métier et informer le monde.  

   •   Peng Shuai, le visage du #Metoo en Chine 

La championne de tennis chinoise Peng Shuai lors de l’Open d’Australie, le 21 janvier 2020. © Studio Graphique France Médias Monde / AP

Le sort de Peng Shuai, âgée de 35 ans, est devenu une affaire internationale après que la star du tennis mondial a publié, le 2 novembre, sur le réseau social chinois Weibo, un message dans lequel elle accusait d’agression sexuelle l’ancien vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli, qui a été de 2013 à 2018 l’un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine.  

Le message avait promptement été effacé, censure chinoise oblige, et l’ex N°1 mondiale du double n’avait plus fait d’apparition en public durant plusieurs semaines, suscitant l’inquiétude du monde du sport, de l’ONU et de nombreux pays dont la France.

Depuis, la joueuse a refait surface à travers des vidéos, des photos et dans des entretiens à distance avec les instances internationales du sport, mais son sort interroge toujours. Dans une vidéo récente, la joueuse de tennis dément avoir jamais formulé d’accusation d’agressions sexuelles contre quiconque.   

La WTA, qui a suspendu ses tournois en Chine, a réitéré ses craintes sur le bien-être de l’ancienne numéro un mondiale en double et appelé de nouveau à l’ouverture d’une enquête. 

Joséphine Baker, une icône de la liberté au Panthéon 

Artiste et résistante, Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon en novembre 2021. © Studio Graphique France Médias Monde

Quarante-six ans après sa mort, la Française aux multiples facettes continue d’exercer son aura. Joséphine Baker est la première femme noire à intégrer le Panthéon, où elle a rejoint les « Grands Hommes » le 30 novembre 2021. Danseuse, chanteuse, actrice, résistante, militante antiraciste… elle est devenue le symbole de la femme libre et engagée.  

Née américaine, Joséphine Baker rejoint la France en 1925, où elle fait carrière. La star s’engage durant la Seconde Guerre mondiale aux côtés de son pays d’adoption et intègre le service du contre-espionnage puis l’armée de l’air. Elle profite de sa notoriété pour recueillir des informations et faire passer des messages codés. Certains jeunes français, notamment de jeunes françaises, découvrant les détails de ce destin hors du commun à l’occasion de son entrée au Panthéon, se sont même trouvé un modèle à suivre. 

Angela Merkel quitte l’arène politique 

La chancelière allemande a cédé sa place en décembre 2021. © Studio Graphique France Médias Monde / AP

La plus célèbre des femmes politiques européenne a tiré sa révérence en décembre, en cédant sa place de chancelière au socio-démocrate Olaf Scholz. Après 16 années à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel quitte le monde de la politique avec une popularité au firmament. 

Connue pour sa sobriété, sa fermeté et sa force tranquille, celle que les Allemands ont surnommé « Mutti » (maman), a déployé son leadership sans crier gare jusqu’à devenir une figure de référence incontournable de l’Europe. Elle est à peine partie que se fait déjà sentir en Allemagne un vent de « Merkel nostalgie » auprès des jeunes de la « génération Merkel », qui l’ont vue au pouvoir depuis 2005.  

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