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Automobile : après le départ de Ford, la fin du mirage indien

Des ouvriers de Ford manifestent devant l’usine de Sanand (Inde), le 21 septembre 2021. AMIT DAVE / REUTERS

La nouvelle, tombée le 9 septembre, a eu l’effet d’un coup de massue sur Vijay Bapodra et ses collègues. L’usine Ford de Sanand, située dans le Gujarat (ouest de l’Inde), et pour laquelle ces ouvriers travaillent depuis des années, fermera définitivement ses portes le 31 décembre 2021. Plus de vingt-cinq ans après avoir fait son entrée sur le marché indien, le constructeur américain jette l’éponge.

A Sanand, environ 1 200 salariés risquent de perdre leur gagne-pain avant la fin de l’année si l’entreprise s’en tient à son plan. D’ici au deuxième trimestre 2022, les usines de Chennai, dans le sud de l’Inde, seront elles aussi arrêtées, menaçant cette fois-ci de mettre au chômage plus de 2 600 salariés. Au total, la sortie de Ford pourrait entraîner la disparition de 35 000 à 40 000 emplois dans l’automobile, un secteur qui représente plus de 7 % du produit intérieur brut du géant sud-asiatique et génère environ 35 millions d’emplois.

En deux décennies, Ford n’est pas parvenu à conquérir plus de 2 % du marché des véhicules de tourisme en Inde

« Même dans nos pires cauchemars, nous n’imaginions pas qu’une entreprise comme Ford puisse fermer », soupire Vijay Bapodra, qui est également le président du Karnavati Kamdar Ekta Sangh, un syndicat qui représente 850 salariés de Ford. Cependant, le constructeur emblématique a accumulé plus de deux milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) de pertes au cours des dix dernières années et, en deux décennies, il n’est pas parvenu à conquérir plus de 2 % du marché des véhicules de tourisme en Inde.

« Malgré nos efforts, nous n’avons pas été en mesure de trouver une voie de rentabilité durable incluant la fabrication de véhicules dans le pays », a déclaré Anurag Mehrotra, le 9 septembre, alors qu’il était encore directeur de Ford India. Quelques jours plus tard, il rejoignait le constructeur indien Tata Motors. Un coup dur pour les salariés qui restent sur le carreau.

« Nous travaillons dans cette usine depuis qu’elle a ouvert ses portes », souligne Vijay Bapodra. Ce fils d’agriculteur, originaire de Porbandar, à près de 400 kilomètres de là, a décroché son premier emploi chez Ford en 2015. « Nombre d’ouvriers de l’usine sont des enfants de paysans et nous pensions avoir un brillant avenir grâce à Ford, mais maintenant, nous risquons de devoir retourner travailler dans les champs », redoute le jeune homme de 29 ans, vêtu d’une chemise bleu ciel estampillée « Ford ».

De ventes au plus bas depuis six ans

A l’entrée de l’usine, la vitrine, qui devait autrefois accueillir une voiture d’exposition, est déjà vide. Les mauvaises conditions atmosphériques ont complètement effacé le logo du panneau, tel un mauvais présage. Avec la mise en route du complexe de Sanand en 2015, Ford avait pourtant l’ambition de produire pour l’Inde et pour le monde. L’Etat du Gujarat s’imaginait en « Detroit indien », en référence à l’ancienne capitale de l’automobile américaine. Six ans plus tard, Ford est loin d’exploiter la totalité de ses capacités de production censées lui permettre d’assembler 440 000 véhicules par an. « Depuis le mois d’octobre, nous ne produisons plus que des pièces. Nous avons arrêté d’assembler des voitures. C’est déjà la fin », remarque Anil Zala, l’un des salariés de l’usine de Sanand.

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