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La Corée du Sud divisée sur le pardon accordé à l’ancienne présidente Park Geun-hye

Les responsables politiques sud-coréens ont accueilli avec surprise et une certaine réserve l’annonce, vendredi 24 décembre, du pardon accordé par le président Moon Jae-in à celle qui l’avait précédé de 2013 à 2017 à la tête du pays, Park Geun-hye. La majorité démocrate a dit « respecter » la décision présidentielle. L’opposition conservatrice soupçonne une « manœuvre » pour l’affaiblir. L’ensemble des partis s’interrogent sur ses conséquences à l’approche de l’élection présidentielle du 9 mars 2022.

Le pardon accordé à l’ex-présidente, qui purge une peine de vingt-deux ans de prison pour corruption et abus de pouvoir, s’inscrit dans le cadre de l’amnistie du Nouvel An, qui concerne cette année 3 094 personnes. Mme Park en a donc bénéficié mais pas un autre ancien président, Lee Myung-bak (2008-2013), derrière les barreaux pour corruption et détournement de fonds publics. La décision n’est pas exceptionnelle. En 1997, Chun Doo-hwan (1980-1988) et Roh Tae-woo (1988-1993), deux ex-présidents emprisonnés pour corruption, mutinerie ou encore meurtres, avaient été graciés par le dirigeant d’alors, Kim Young-sam (1993-1998).

Park Geun-hye, qui fut la première femme à diriger la Corée du Sud, a réagi à son pardon en s’excusant « auprès du public pour les inquiétudes suscitées ». Elle a également exprimé sa « profonde gratitude au président Moon Jae-in et au gouvernement, qui ont décidé d’accorder une grâce malgré les difficultés ». Le ministre de la justice, Park Beom-kye, a justifié la décision de Moon Jae-in par sa volonté de « renforcer l’unité nationale et d’apaiser les conflits » en cette période de crise sanitaire due au Covid-19 et à l’approche de l’élection présidentielle.

Dégradation de son état de santé

La dégradation de l’état de santé de la prisonnière a aussi été prise en compte. Hospitalisée depuis le 22 novembre au centre médical Samsung pour des problèmes orthopédiques et dentaires, l’ancienne dirigeante souffrirait également de troubles psychologiques. Depuis son incarcération en 2017 à la prison d’Uiwang, dans la province du Gyeonggi, voisine de Séoul, elle refuse toute visite, à l’exception de celles de son avocat. Après sa libération, Mme Park devrait rester hospitalisée pendant un certain temps.

Le pardon accordé ne fait pas l’unanimité au sein même du camp présidentiel. Quand il était étudiant, le démocrate Moon Jae-in a été emprisonné pour avoir milité contre le pouvoir autoritaire de Park Chung-hee, dirigeant de 1962 à 1979 et père de Mme Park. M. Moon a accédé à la présidence en 2017 après la « révolution des bougies », qui a mobilisé des millions de Sud-Coréens pour obtenir le départ de Mme Park et la fin du réseau de corruption mis en place sous son administration avec la complicité de sa confidente, Choi Soon-sil, du conglomérat Samsung ou encore le Service national du renseignement (NIS). M. Moon promettait alors « une société juste et équitable ».

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