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« C’est le retour à l’ère Bachir » : au Soudan, le Darfour victime d’une recrudescence des violences

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Un manifestant brandit une pancarte sur laquelle est écrit « Le Darfour saigne », à Omdurman (Soudan), le 13 décembre 2021. AFP

Alors que tous les regards étaient rivés sur Khartoum depuis le coup d’Etat du général Abdel Fattah Al-Bourhane, le 25 octobre, l’ouest du Soudan a de nouveau sombré dans la violence. En quelques semaines, les affrontements dans la région ont fait 200 morts et plusieurs centaines de blessés. Près de 83 000 civils ont dû fuir de chez eux, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

« L’Etat, la justice et la police sont aux abonnés absents. L’impunité règne, le vide sécuritaire est total et les armes prolifèrent », dénonce le docteur Ibrahim Adam Othman, du comité des médecins du Darfour occidental : « De nombreux blessés sont morts parce qu’il leur était impossible de rejoindre un établissement médical à temps et parce que les dispensaires en zone rurale n’ont pas assez d’équipements. »

Entre le 17 et le 19 novembre, plusieurs villages de la localité de Jebel Moon ont été attaqués par des miliciens issus de tribus arabes montés sur des pick-up, des motos et des chevaux. Dans cette zone située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière tchadienne, une dizaine de villages ont été incendiés et près de 2 000 familles ont pris la fuite, d’après le Norwegian Refugee Council (NRC). Les communes de Kreinik et Sirba, plus au sud, ont été touchées quelques jours plus tard, entre le 5 et le 7 décembre. Des massacres visant des civils et des camps de déplacés ont également eu lieu dans les villages alentour.

Le conflit au Darfour, qui a éclaté en 2003 entre des forces du régime de l’ex-président Omar Al-Bachir et des rebellions de minorités ethniques s’estimant marginalisées, a fait plus de 300 000 morts et près de 3 millions de déplacés. Déployées au plus fort des violences pour lutter contre les rebelles, des milices armées essentiellement composées de nomades arabes ont joué un rôle majeur dans les opérations de répression, de viols et de nettoyage ethnique menées par le régime militaro-islamiste.

« Nous craignons l’escalade »

« Après quelques années de relative stabilité, on pensait pouvoir tourner la page, mais la situation a de nouveau explosé, notamment dans l’ouest du Darfour, et, pour le moment, rien ne laisse penser que cette violence peut être contenue. Au contraire, nous craignons l’escalade », met en garde William Carter, du NRC, s’inquiétant du vide sécuritaire qui complique l’accès des organisations humanitaires aux zones touchées.

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