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A Jérusalem, le Franco-Palestinien Salah Hamouri en butte au harcèlement politico-administratif israélien

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien et chercheur de terrain, à Ramallah, en Cisjordanie, le 1er octobre 2020. ABBAS MOMANI / AFP

Il fait froid dans les montagnes de Jérusalem. La brume envahit les hauteurs. Bientôt, il neigera peut-être. Ce sera moins beau dans le quartier de Kafr Aqab que dans le centre de la Ville sainte, mais Salah Hamouri n’a pas le choix : il y est confiné par les autorités israéliennes, sous peine de perdre sa résidence permanente à Jérusalem. C’est ici qu’il passera le réveillon, sans sa femme et ses deux enfants, bloqués en France et interdits de territoire israélien.

« Je ne travaille plus vraiment, ajoute l’avocat franco-palestinien, rattaché à l’association d’aide légale palestinienne Addameer. Je ne peux plus aller au tribunal de toute façon, et puis notre organisation est dans la tourmente. » L’ONG fait partie d’un groupe de six organisations qui ont été désignées comme « terroristes » par les autorités israéliennes en octobre dernier. Salah Hamouri est sur la ligne de front du conflit qui oppose, depuis plusieurs années, les autorités israéliennes à la société civile palestinienne : il a même fait partie d’un groupe de militants visés par le logiciel de cybersurveillance Pegasus entre avril et septembre.

Fils d’un Palestinien et d’une Française, Salah Hamouri, 36 ans, est né et a grandi à Jérusalem. Fin octobre, la ministre israélienne de la justice, Ayelet Shaked, a officiellement déclaré qu’il devrait en être expulsé. Comme la grande majorité des Palestiniens de Jérusalem-Est, M. Hamouri dispose dans sa ville natale d’un simple statut de résident permanent. Selon l’ONG B’Tselem, près de 15 000 Palestiniens se sont vu confisquer ce titre et les droits qui vont avec depuis l’annexion de la ville par Israël en 1967.

Pour Salah Hamouri, la décision a été prise sous l’égide d’un nouvel amendement à une loi israélienne, passé en 2018, qui stipule que la résidence peut être révoquée à la suite d’une « violation d’allégeance à l’Etat d’Israël ». Les termes sont vagues, mais pour M. Hamouri comme pour son avocate, Lea Tsemel, le raisonnement ne tient pas : « Jérusalem est un territoire occupé, et les personnes sous occupation ne sont pas tenues d’être loyales envers la puissance occupante. »

« Une vingtaine d’années d’acharnement »

Un recours devant la Cour suprême israélienne a été déposé mais, en attendant, M. Hamouri est confiné à Kafr Aqab, un quartier qui est inclus dans les limites de la municipalité de Jérusalem, mais se trouve du côté palestinien du mur de séparation. Il y vit le dernier épisode « d’une vingtaine d’années d’acharnement », rage sa femme, Elsa Lefort, jointe par téléphone en France.

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