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Jean-Daniel Weisz : « Le Mittelstand français existe, je l’ai rencontré ! »

Tribune. Le terme allemand de « Mittelstand » désigne la vaste population des entreprises familiales qui constituent la colonne vertébrale de l’économie allemande. Le terme n’est pas équivalent à ce que nous appelons en France les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaire). Car le Mittelstand n’est pas un concept statistique. C’est une notion culturelle qui s’appuie sur des principes souvent érigés en valeurs.

Le premier de ces principes est la focalisation stratégique. Le Mittelstand n’aime pas la diversification et reste centré sur un métier technique. Les « champions cachés » sont positionnés sur une niche où ils excellent pour pouvoir vendre leurs produits dans le monde entier, bien qu’ils restent inconnus du grand public. Il n’est pas rare d’entendre un dirigeant du Mittelstand affirmer qu’il ne cherche pas à être leader, mais à « faire son métier le mieux possible ».

Le deuxième principe est la recherche d’un développement équilibré, aux antipodes de la start-up. Ici, pas de croissance exponentielle ni d’appel systématique à des investisseurs. Le rythme de croissance est conditionné par les capacités d’autofinancement. Le dirigeant d’une entreprise plus que centenaire du Mittelstand s’excusera presque de n’avoir pas grandi plus vite. Mais il soulignera son attachement à une croissance qui respecte les grands équilibres de l’entreprise.

Enfin, le Mittelstand soigne l’actif immatériel singulier que constitue son capital relationnel, à savoir ses interactions avec les salariés, les syndicats, les clients, les fournisseurs, les partenaires de développement et les acteurs du territoire. Les grandes entreprises du Mittelstand n’ont pas leur siège à Berlin ou dans une capitale de Land, mais dans un petit village ou au milieu de la campagne. Elles irriguent les territoires, attirent et forment les jeunes talents locaux.

Un modèle efficace

Ayant l’opportunité d’intervenir des deux côtés du Rhin, je peux en témoigner : le Mittelstand français existe, même s’il est moins dense et maillé qu’en Allemagne. Et il n’a rien à envier au Mittelstand allemand en termes d’humanité, de génie industriel, d’ingéniosité stratégique et d’engagement pour le territoire.

Alors arrêtons de ressasser la complainte du « trois fois plus d’ETI en Allemagne qu’en France » et de nous demander comment transposer le Mittelstand en France ! Identifions plutôt les pistes pour donner encore plus de visibilité et de robustesse au Mittelstand français.

Premièrement, enseignons le modèle Mittelstand dans nos écoles de gestion, qui restent dominées par les modèles anglo-saxons et par la figure de la grande entreprise. Nulle surprise si les étudiants s’orientent prioritairement vers des grands groupes ou des start-up. Or, même s’il est malmené aujourd’hui par les enjeux de transmission, l’irruption du numérique ou la transformation profonde de secteurs comme l’automobile, le Mittelstand reste un modèle de développement efficace et séduisant.

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