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Promesses non tenues et objectifs trop ambitieux, Joe Biden malmené par la presse américaine

Le président américain, Joe Biden, à Hartford (Connecticut), pour défendre son plan de réformes sociales « Build Back Better » (« reconstruire mieux »), le 15 octobre 2021. LEAH MILLIS / REUTERS

Le président américain « devait rétablir l’ordre face au chaos [laissé par l’ancien président, Donald Trump] à Washington. Mais le chaos prévaut ». C’est en ces mots peu équivoques que le média américain Politico résume sur son site la première année de présidence de Joe Biden. Alors que l’année 2021 touche à sa fin, le démocrate est embourbé dans de grandes difficultés sanitaires et politiques, faisant émerger « l’hypothèse centrale d’une présidence en danger (…) face à un afflux de crises », insiste Politico.

La première d’entre elles est sanitaire, alors que le variant Omicron du SARS-CoV-2, plus contagieux, est désormais largement dominant aux Etats-Unis, ont annoncé lundi les centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). Le pays est confronté à une large recrudescence des cas de contamination, à la veille des fêtes de fin d’année.

Joe Biden, « qui a fait campagne sur l’affirmation selon laquelle les ravages de la pandémie auraient pu être évités l’an dernier, est maintenant confronté au défi d’expliquer que les infections à Omicron pourraient être presque inévitables, même pour les personnes vaccinées », pointe le Washington Post.

Face au Covid-19, « peu d’outils politiquement convenables »

Omicron a représenté 73,2 % des nouvelles infections au Covid-19 lors de la semaine qui s’est achevée le 18 décembre, contre seulement 12,6 % la semaine passée, selon des données des autorités sanitaires américaines. Il représente jusqu’à 96,3 % des nouveaux cas dans trois Etats du nord-ouest des Etats-Unis (Oregon, Washington et Idaho). Pour « tenter de convaincre les Américains de se protéger », argue le Washington Post, le président américain devait annoncer mardi soir de nouvelles mesures.

Point de confinement ni de restrictions supplémentaires, a fait savoir la Maison Blanche en amont des annonces, mais la distribution à titre gratuit de 500 millions de tests de dépistage et la mobilisation d’un millier de médecins, infirmiers ou personnels médicaux de l’armée pour renforcer les hôpitaux et augmenter la capacité de vaccination du pays. Le discours de M. Biden s’annonce comme un défi, prévient toujours le Washington Post : « En pleine urgence – à la fois pour la santé publique et pour la position du président – [ce dernier] a peu d’outils nouveaux à sa disposition, du moins politiquement convenables, et les experts craignent que les Américains épuisés n’aient déjà baissé leur vigilance. »

Il y a un an, il « avait prédit que d’ici à ce Noël, le pays serait revenu à une situation proche de la normale. En mars, il disait [aussi] que la fête du 4-Juillet “marquerait notre indépendance face à ce virus” », rappelle le quotidien national USA Today. Force est de constater que cette promesse ne s’est pas réalisée. D’autant que la menace grandissante d’Omicron a atteint jusqu’au président lui-même, contraint lundi de subir un test de dépistage après avoir été en contact avec un conseiller malade du Covid-19. Le résultat est revenu négatif, mais Joe Biden devra se plier à une seconde vérification mercredi.

L’épine Joe Manchin

« Dans la dernière partie de 2021, alors que de multiples crises ont émergé, la Maison Blanche a eu du mal à véhiculer un message d’unité, pas uniquement à l’échelle du pays, comme Biden l’avait promis pendant la campagne présidentielle de 2020, mais aussi à celle de son parti », dénonce de son côté le journal The Hill. Parce qu’outre la pandémie liée au Covid-19 – dont 49 % des Américains désapprouvent la gestion, selon un sondage du Washington Post-ABC News relayé par le Time –, le président américain est confronté à une crise politique après qu’un sénateur démocrate, Joe Manchin, a publiquement annoncé ne pas soutenir son vaste plan de réformes sociales, jugé trop coûteux en période de forte inflation.

Baptisé « Build Back Better » (« reconstruire mieux »), le projet doté de 1 750 milliards de dollars (environ 1 500 milliards d’euros) prévoit notamment de faire baisser le coût de la garde d’enfant et des médicaments, des crédits d’impôts pour les foyers américains et des investissements conséquents pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais « les objectifs du président ont toujours été particulièrement ambitieux compte tenu de la faible majorité de son parti au Congrès », note le New York Times – 222 sièges démocrates contre 211 républicains à la Chambre des représentants, et 50-50 au Sénat, où aucune voix ne doit donc faire défaut.

Ce qui inquiète d’autant plus les démocrates, c’est que « l’abandon de la loi, après des mois de négociations, entame ce que M. Biden a présenté comme l’un de ses atouts : sa connaissance profonde du Congrès et sa capacité à faire adopter des législations majeures », analyse encore USA Today.

« Remise en question de la compétence du président » Biden

« Nous devons faire passer cette loi, estime un démocrate en lien avec la Maison Blanche, dont les propos sont relayés par le Time. Nous pouvons nous en sortir. Une part de la solution se réalisera seule, de manière organique, et nous devons prendre le contrôle de l’autre part. » Les Américains « attendent de voir jusqu’à quel point Biden pourra contrôler » la situation aux Etats-Unis, raille le journal.

Bien que le sénateur Joe Manchin ait été ferme sur son refus de voter le texte, Joe Biden espère toujours pouvoir faire adopter son plan d’investissements en début d’année – la porte-parole de la Maison Blanche a décrit les deux hommes comme des « amis de longue date » prêts « à aller de l’avant », selon le New York Times.

Parce qu’à moins que le président ne réussisse « à faire changer d’avis le sénateur, cela résultera en un échec profond du combat contre le réchauffement climatique et de l’élargissement du filet social, mais aussi en une remise en question de la compétence du président [Biden] et de sa supposée capacité à faire consensus dans une période marquée par l’intolérance et l’esprit de clan », conclut sèchement Politico.

Le Monde

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