Quelques milliers de particuliers se chauffent encore avec un poêle à charbon à Berlin, une technique d’une autre époque vouée à s’éteindre dans une Allemagne qui vient de se doter d’un gouvernement aux grandes ambitions en matière de climat.
« Il y a peut-être encore 5 à 6.000 logements qui se chauffent encore au charbon. Mais les ramoneurs n’ont pas de chiffre officiel », explique Peter Engelke, co-chef de Hans Engelke Energie.
Cette entreprise familiale est l’une des dernières de la capitale à livrer encore des briquettes de charbons noir aux particuliers.
Alban Nikolai Herbst charge son poêle à charbon dans son appartement de Berlin, le 14 décembre 2021 (AFP – John MACDOUGALL)
Malgré la nocivité du charbon pour l’environnement et la poussière qui s’infiltre partout dans son appartement, y compris dans ses disques vinyles, Alban Nikolai Herbst reste attaché à son four et ses pépites noires, pour des raisons un peu « sentimentales ».
Fraîchement débarqué à Berlin en 1994, quatre ans après la réunification, il redécouvre dans les rues cette odeur qui avait disparu dans les villes l’ouest depuis des décennies tandis que le chauffage au charbon était courant dans l’ex-RDA communiste. « Ca sentait comme dans mon enfance », se souvient cet écrivain.
Et puis cette « chaleur lourde » qui émane de son poêle est adaptée à sa situation professionnelle. « Je suis tout le temps assis à mon bureau, je travaille de 6 heures du matin à parfois 10 heures du soir », assure-t-il.
Robert Schumann, graphiste installé dans son appartement de Prenzlauer Berg, dans l’ancienne partie est de la ville, utilise toujours son poêle en faïence pour chauffer son domicile mais lui a laissé tomber le charbon, pour les briques de bois.
« C’est plus écologique, génère moins de cendres, et c’est une énergie durable car les arbres repoussent », estime-t-il, contrairement aux combustibles fossiles extraits de la terre.
Un employé de la société Hans Engelke Energie décharge sa livraison de charbon destiné à des particuliers à Berlin, le 3 décembre 2021 (AFP – John MACDOUGALL)
Le nouveau gouvernement allemand formé par les sociaux-démocrates, les Verts et les Libéraux a fait de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité.
Il a annoncé vouloir accélérer la transition énergétique et souhaite désormais sortir du charbon en 2030.
Un défi pour l’entreprise Hans Engelke Energie. Elle a dû déjà se diversifier au fil des années pour survivre et livre désormais surtout du fioul et des granulés de bois.
« Nous vendons aussi de l’électricité et du gaz », explique Peter Engelke, et « nous espérons pouvoir prospérer encore longtemps ».
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