France World

un derby rémois comme au bon vieux temps des années 90

Adversaires en 32es de finale de Coupe de France, Reims Sainte-Anne et le Stade de Reims se retrouvent comme dans les années 90 où les derbys rémois ont pimenté le quotidien de la ville. Aujourd’hui, les clubs sont amis.

En 1991 et 1992, le Stade de Reims est liquidé judiciairement. Le club aux six titres de champion de France se retrouve en Division d’Honneur (DH). Reims Sainte-Anne, généralement considéré comme le deuxième club de la ville, affronte désormais l’équipe première du Stade et non plus l’équipe C comme il en avait l’habitude dans les années 80. C’est à ce moment que naît une rivalité qui va les opposer en championnat mais aussi pour la suprématie locale. Le 16 mai 1993, Ste Anne fait match nul (0-0) contre le Stade de Reims et obtient sa montée en Nationale 3. Pour la première fois de son histoire, Sainte-Anne jouera une division au-dessus de celle du grand voisin. Une révolution dans la ville tant le club de Kopa et Fontaine régnait sans partage dans les cœurs.

« Les Bourrins de Sainte-Anne »

C’est lors de la montée de Sainte-Anne à l’été 1993 qu’une décision politique va alimenter la rivalité locale. La municipalité décide que Sainte-Anne devra jouer au Stade Auguste Delaune et non plus au Stade des Coutures situé en zone pavillonnaire. Les deux clubs doivent se partager le terrain historique du Stade de Reims. La mairie décide également que Ste Anne, mieux classé, doit choisir en premier le jour de son match. En optant pour le samedi soir, le club du quartier éponyme au sud de la ville, joue avant le rival qui jouait donc le lendemain sur une pelouse détériorée. « On était prioritaire, explique Hervé Papavero, défenseur et capitaine de Sainte-Anne à l’époque. L’entraîneur du Stade, Tony Giannetta et son collègue Manu Abreu, nous disaient en plaisantant qu’ils en avaient marre de refaire le terrain le dimanche matin pour qu’ils puissent jouer sur un terrain digne. Ils ramassaient « les escalopes » des bourrins de Ste-Anne. Cela fait partie de l’histoire. »

Le Stade de Reims toujours dans les cœurs

Si sportivement, l’intérêt est du côté de Reims Sainte-Anne, mieux classé, l’engouement ne prend pas. Le Stade de Reims est le club de la ville et son public reste fidèle malgré la descente vertigineuse pour le club. Le samedi soir, Sainte-Anne faisait, selon les divers témoignages de l’époque, entre 50 et plus de 100 spectateurs. Le lendemain, le Stade de Reims accueillait 3 000 personnes à Delaune pour ses matchs. « On représentait curieusement la même ville, analyse Manu Abreu, ancien joueur et entraîneur rouge et blanc. Mais on n’avait pas le même passé. Sans vouloir être médisant avec le club de Sainte-Anne que j’ai représenté avec plaisir (Manu Abreu était le coach en R1 entre 2018 et 2020). Le Stade de Reims restera toujours le Stade de Reims. » En 1996, la parenthèse Sainte-Anne va se refermer avec la descente du club et dans le même temps, le Stade de Reims débute sa renaissance avec une montée en puissance sportive et financière pour achever un retour en National en 2000 puis en Ligue 2 en 2002 avant de revenir après plus de 33 ans d’absence dans l’élite du football français en 2012.

Jean-Pierre Caillot, partenaire de… Sainte-Anne

Avec ses 200 000 habitants, Reims, 12ème ville de France en population, est aussi un « village ». Tout le monde se connaît. Le Stade de Reims et Reims Sainte-Anne entretiennent des liens de proximité. D’abord, Sainte-Anne est un vivier de joueurs pour les équipes de jeunes du Stade. Le Stade de Reims est aussi un vivier de joueurs pour Sainte-Anne, aujourd’hui en R1, et qui vise la montée. Le club récupère régulièrement des joueurs formés au Stade mais qui n’ont pas percé en professionnel. Outre ce lien sportif, les dirigeants ont aussi des liens. Au début des années 90, Jean-Pierre Caillot est un entrepreneur local avec son groupe de transport du même nom. Il n’a pas encore investi financièrement dans le Stade de Reims qui a entamé la décennie avec deux liquidations judiciaires en deux ans. Mais il est impliqué localement : « Je suis un passionné de football donc j’ai toujours un peu aidé tous les clubs amateurs, explique Jean-Pierre Caillot. C’était avant de prendre des responsabilités au Stade de Reims. A l’époque, je m’entendais déjà très bien avec les dirigeants de Sainte-Anne et depuis à chaque fois qu’ils faisaient leurs tournois, on mettait à disposition un camion. On les a aidés comme on pouvait le faire avec nos petits moyens de transporteurs. ». L’actuel président de Reims Sainte-Anne, Antoine Contardo, est aussi un partenaire historique du Stade de Reims avec sa concession automobile. Si Sainte-Anne est le club qui reçoit sur le papier, le match aura lieu à Delaune. Par élégance, les dirigeants de Sainte-Anne ont laissé aux joueurs du Stade de Reims leur vestiaire habituel en championnat. Le club de Ligue 1 apporte lui son aide dans l’organisation de la rencontre pour cette fête du football rémois.

Robert Pirès, enfant de Sainte-Anne

Rémois, Robert Pirès a fait ses débuts à Sainte-Anne à l’âge de 7 ans. Il passera près de 10 ans au club avant de partir ensuite au Stade de Reims. Une aventure qui sera de courte durée puisque trois ans après son arrivée, Reims est liquidé judiciairement. Pirès part finir sa formation à Metz où il formera les PP Flingueurs avec Cyril Pouget. Le champion du monde 1998 n’a pas oublié son club de ses débuts. Il est son ambassadeur. Le stade où évolue l’équipe sénior, porte son nom. Pirès est même attendu dimanche à Reims au Stade Auguste-Delaune pour donner le coup d’envoi de la rencontre du derby rémois. Un symbole pour la ville. L’autre attraction de la journée sera le retour de Mickaël Tacalfred. Le défenseur qui a disputé 248 matchs avec les Rouges et Blancs, a pris une licence cette année à Sainte-Anne. A 40 ans, il continue de jouer et retrouvera son ancien jardin avec beaucoup de plaisir dimanche à 16h.

Source

L’article un derby rémois comme au bon vieux temps des années 90 est apparu en premier sur zimo news.