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Les négociations sur le nucléaire iranien menacées d’enlisement

Le secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) Enrique Mora et le négociateur en chef iranien Ali Bagheri (à droite) et les délégations lors de négociations sur le nucléaire iranien, à Vienne, le 17 décembre 2021. HANDOUT / REUTERS

Les Européens espéraient négocier sans relâche pendant les fêtes de fin d’année pour tenter de rattraper le temps perdu. Ils ont dû accepter, vendredi 17 décembre, à Vienne, de faire une nouvelle pause dans les tractations indirectes engagées entre l’Iran et les Etats-Unis afin de sauver l’accord sur le nucléaire. Cet objectif, érigé en priorité par le président américain, Joe Biden, trois ans après que Donald Trump a dénoncé le compromis initial, est rendu très incertain par l’arrivée à la présidence iranienne de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, cet été. Après cinq mois de suspension pour cause d’élections en Iran, les discussions avaient été relancées, le 29 novembre, dans le prestigieux cadre du palais Coburg, au cœur de la capitale autrichienne, là où l’accord fut signé en 2015.

Cette interruption – la seconde en trois semaines – illustre le risque d’enlisement des pourparlers. La première pause, le 3 décembre, avait été demandée par les Occidentaux pour obliger l’Iran à modérer ses positions. La délégation iranienne était en effet arrivée à Vienne en affichant des exigences radicales, jugées inacceptables par Washington : la fin de toutes les sanctions en vigueur, adoptées à l’initiative de l’administration Trump dans l’espoir d’enterrer définitivement l’accord, et des garanties censées éviter que les Etats-Unis ne rompent à nouveau un éventuel traité renégocié.

Au passage, soucieux d’afficher sa fermeté, le négociateur iranien Ali Bagheri refusait de reprendre les négociations là où elles avaient été arrêtées en juin, à la suite d’échanges considérés comme plutôt fructueux entre l’administration Biden et le pouvoir iranien sortant. Au contraire, la nouvelle équipe de négociateurs avait même formulé toute une série d’exigences revenant à contester peu ou prou 90 % des textes sur la table.

Donnant-donnant

La nouvelle trêve répond cette fois à un souhait des Iraniens, mais elle a surpris les négociateurs européens, qui l’ont qualifiée d’« interruption décevante ». « Quelques progrès techniques » avaient en effet été effectués ces dernières vingt-quatre heures, ont-ils indiqué vendredi. Après de longues explications, les Iraniens avaient enfin accepté un document présenté comme une « base de discussion », renonçant ainsi à une partie de leurs revendications.

Cette étape doit désormais permettre de se concentrer au plus vite sur les principaux enjeux, dans un donnant-donnant qu’il reste à traduire en engagements précis : la levée graduelle des sanctions américaines, susceptible de soutenir l’économie, contre l’arrêt du programme nucléaire iranien. Or, celui-ci a fait de considérables progrès en trois ans, à en croire les Occidentaux, depuis que Téhéran a pris ses libertés avec ses engagements d’origine. Les Iraniens produisent dans des quantités préoccupantes de l’uranium enrichi et disposent de centrifugeuses modernes. L’une des questions les plus épineuses est de savoir, dans l’optique d’un nouvel accord, quoi faire des stocks de matières fissiles et des équipements mis en place ces dernières années par l’Iran.

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