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Une Française meurt des suites d’une maladie dans un camp pour femmes djihadistes en Syrie

Le camp de Roj, où sont détenus les proches de personnes soupçonnées d’appartenir à l’organisation Etat islamique, dans la province de Hasakah (Syrie), en mars 2021. DELIL SOULEIMAN / AFP

Mardi matin 14 décembre, Maya (le prénom a été modifié) s’est réveillée en ayant « extrêmement mal ». Malade du diabète et insulinodépendante, elle a demandé aux gardiens kurdes du camp de Roj, dans lequel elle est détenue depuis la chute du califat de l’organisation Etat islamique, en février 2019, à être transportée à l’hôpital le plus proche pour y subir une dialyse. Selon son avocate, Marie Dosé, dès son arrivée à l’hôpital de la ville de Derik, deux heures plus tard, Maya a perdu l’usage d’une jambe, puis la vue. Elle est morte peu après. Son corps a été rapatrié au camp pour y être inhumé dans la journée, en présence de sa fillette de 6 ans, Sarah (le prénom a été modifié), qui a été confiée à d’autres détenues françaises. Le père, lui, avait été tué lors de combats.

Ce décès est le premier de ce type concernant une Française dans le camp de Roj, réservé aux détenues européennes. Le cas de Maya, 28 ans, partie en Syrie en 2014, était pourtant bien connu des autorités françaises, régulièrement informées par Me Dosé de son état de santé. « Cela fait longtemps qu’elle demandait à être rapatriée et on l’a laissée mourir sciemment », accuse l’avocate.

Cette dernière a lu, mercredi, lors d’une conférence de presse à Paris, plusieurs des dizaines de courriers alarmants qu’elle a adressés au ministère des affaires étrangères et à l’Elysée ces deux dernières années. Tous restés sans réponse. Pourtant, des diplomates français, accompagnés de membres de forces spéciales, se sont rendus en janvier dans le camp afin de procéder au rapatriement de sept enfants présentés comme orphelins. « Ils sont passés à quelques mètres de la tente de Maya et l’ont laissée crever là-bas », s’indigne Me Dosé.

Nouvelle occasion ratée : en février, les femmes détenues ont compris qu’une liste des femmes les plus malades était en cours d’élaboration en vue d’un possible rapatriement, Marie Dosé a attiré l’attention de Paris, à nouveau, sur « l’urgence absolue » de rapatrier Maya. En vain.

« La France a fabriqué une orpheline »

La politique française, concernant les quelque 80 femmes djihadistes et 200 enfants français détenus en Syrie, est celle du « cas par cas » : elle consiste à rapatrier des enfants au compte-gouttes (35 jusqu’à présent), en présumant du fait qu’ils sont orphelins, mais refuse absolument tout rapatriement de femmes adultes.

Le Collectif des familles unies, qui représente les parents et proches de ces femmes, milite pour un rapatriement de tout le monde, femmes et enfants. Deux de ses membres étaient présents aux côtés de Me Dosé, mercredi, afin de corroborer son témoignage. « La France a fabriqué une orpheline, a déploré l’avocate. Je ne sais pas si elle va la rapatrier maintenant que sa mère est morte. »

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