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En Ethiopie, sur les traces des combats entre rebelles tigréens et forces gouvernementales

Par Noé Hochet-Bodin

Publié aujourd’hui à 00h38

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ReportageFrappes de drones, tirs d’artillerie lourde et pillages ont marqué les dernières semaines de conflit en région Amhara, où l’avancée des insurgés, qui commençaient à menacer la capitale, a été interrompue fin novembre.

Aux abords du col de Debre Sina, les combats qui opposaient il y a quelques jours encore les rebelles tigréens à l’armée fédérale éthiopienne ont laissé des traces bien visibles. C’est sur cette étroite ligne de crête, à plus de 3 000 mètres d’altitude, en région Amhara, que s’est arrêtée net l’avancée des Forces de défenses du Tigré (TDF), le 29 novembre. Les insurgés s’approchaient alors dangereusement d’Addis-Abeba, la capitale, située à moins de 200 kilomètres au sud.

Le long du chemin de terre qui mène depuis ce col stratégique au village de Mezezo, des corps de soldats rebelles, morts dans les affrontements, pourrissent au soleil. Les monticules de pierres qui servaient de positions défensives jonchent le bord de la route, tout comme les poteaux électriques et les arbres, arrachés par l’artillerie. Un tank calciné coupe la voie. Les champs d’orge avoisinants sont recouverts de douilles, de bouteilles en plastique et de barquettes de rations alimentaires, signe que l’armée y a stationné des jours durant.

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Alors qu’ils avaient progressé à toute vitesse au cours du mois de novembre, au point de sembler menacer directement la capitale et d’inciter les ambassades occidentales à faire partir leurs ressortissants, les TDF ont buté sur la montagne et la défense opposée par l’autre camp. Ils n’ont pas réédité l’épopée de 1991, quand le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui s’était emparé de cette place forte, avait continué sa route sur les hauts plateaux pour finalement conquérir Addis-Abeba, et avec elle les rênes du pouvoir, conservées jusqu’en 2018 et l’arrivée du premier ministre Abiy Ahmed.

Des hommes de la milice Amhara se tiennent au bord d’une route devant un véhicule militaire qui aurait été détruit par une attaque de drone, à Shewa Robit (Ethiopie), le 8 décembre 2021. EDUARDO SOTERAS POUR « LE MONDE » Un char détruit près du village de Mezezo (Ethiopie), le 8 décembre 2021. EDUARDO SOTERAS POUR « LE MONDE »

« La bataille a duré une semaine entière », précise l’inspecteur de police de Mezezo Getachew Temaledegn, qui a combattu aux côtés des forces progouvernementales. « Les soldats tigréens ont utilisé de l’artillerie lourde tout au long des combats », raconte-t-il. La ville de Mezezo, et ses 3 000 habitants, peut en témoigner. Plusieurs maisons ont été défoncées par les canons des TDF, postés en contrebas.

Une succession de rebondissements

L’armée fédérale éthiopienne et ses alliés amhara n’ont pas été en reste. « Nos canons étaient positionnés sur le haut de la montagne pour empêcher les TDF d’avancer », se souvient Misganew, un employé du district de Debre Sina, la ville située au pied du massif montagneux. « Nous les avons pilonnés, poursuit-il, et ils ont été obligés d’abandonner Debre Sina. » Adeptes des tactiques de contournement, les TDF se sont alors déplacées vers l’ouest, sans succès. « S’ils avaient réussi à se saisir de la route de Mezezo, ils coupaient droit vers Debre Birhan », conclut Misganew, pointant du doigt la direction de la dernière grande agglomération sur la route d’Addis-Abeba.

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