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Début de la vaccination des enfants contre le Covid-19 : “Il ne faut pas hésiter”

La France a ouvert mercredi la vaccination contre le Covid-19 aux enfants âgés de 5 à 11 ans atteints de certaines pathologies pouvant entraîner des formes graves. Une bonne chose pour l’immunologiste Frédéric Rieux-Laucat, qui appelle à étendre la vaccination à toute la classe d’âge, comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays.

En France, les 360 000 enfants atteints de comorbidités peuvent, depuis mercredi 15 décembre, être vaccinés contre le Covid-19 dans les hôpitaux et les centres spécialisés. Les enfants concernés – outre ceux vivant aux côtés de personnes immunodéprimées – sont notamment atteints de maladie hépatique, rénale, respiratoire ou cardiaque chronique, neurologique, de cancer, de diabète, de drépanocytose, d’immunodéficience, de handicap neuromusculaire sévère, d’hémopathie maligne, de trisomie 21 ou encore d’obésité.

L’ouverture des centres de vaccination à l’ensemble des 5-11 ans, sur la base du volontariat, devrait, elle, avoir lieu à partir du 20 décembre, en fonction de l’avis qui sera rendu par la Haute autorité de santé.

C’est une « bonne chose que la vaccination soit ouverte aux enfants fragiles risquant de développer une forme grave du Covid-19 », estime l’immunologiste Frédéric Rieux-Laucat, directeur de recherche à l’Inserm et à la tête du laboratoire d’immunogénétique des maladies auto-immunes pédiatriques à l’Institut Imagine, contacté par France 24. Certaines régions d’Allemagne, comme la ville de Berlin, ont adopté la même stratégie. Le Portugal devrait bientôt faire de même.

De nombreux pays vaccinent déjà

Le gouvernement français s’est cependant prononcé en faveur de l’ouverture de la vaccination à tous les enfants de cette classe d’âge, sous couvert de l’accord des autorités sanitaires.

La vaccination des enfants les + fragiles débutera le 14 décembre dès réception des 1ères doses pédiatriques de vaccin.
En fonction des avis des autorités sanitaires & du comité national d’éthique, nous serons en mesure d’ouvrir la vaccination à tous les enfants le 20 décembre.

— Olivier Véran (@olivierveran) December 6, 2021

Frédéric Rieux-Laucat partage le même point de vue, tout comme l’Agence européenne des médicaments, qui a autorisé la vaccination des enfants le 25 novembre dernier. La mesure a été adoptée par l’Autriche et le Danemark dès le mois de novembre, et elle est entrée en vigueur mercredi en Grèce, en Hongrie et en Espagne.

Depuis Athènes, la correspondante de France 24 Alexia Kefalas rapporte que 30 000 rendez-vous ont déjà été pris par les parents souhaitant faire vacciner leurs enfants. En Espagne, championne d’Europe de la vaccination – près de 80 % de la population a reçu au moins deux doses –, quelque 3,3 millions d’enfants sont susceptibles de recevoir leur première dose dans les prochaines semaines.

La vaccination des enfants devrait commencer le 16 décembre en Italie, et le mois prochain en Suisse.

Hors d’Europe, la Chine, le Chili, l’Argentine, le Venezuela et la Colombie vaccinent les enfants à partir de 3 ans, Cuba et le Nicaragua à partir de 2 ans. Les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Canada et Israël ont également ouvert la vaccination aux moins de 12 ans.

Peu de cas graves chez les enfants

« Il ne faut pas que les Français hésitent à faire vacciner les enfants dès que ce sera possible, assure Frédéric Rieux-Laucat. Si les cas graves sont rares chez les 5-11 ans, nous avons enregistré en France 702 cas de myocardite (attaque des tissus cardiaques, NDLR) causés par le Covid-19 sur des enfants qui ne souffraient d’aucune pathologie. Même si ce risque concerne certainement moins de 10 % des enfants de cet âge en France, il serait bête de ne pas les vacciner lorsqu’on sait que le vaccin empêche de contracter ces maladies inflammatoires. »

Plusieurs cas de cette grave affection, proche de la maladie de Kawasaki, ont en effet été enregistrés chez des enfants atteints par le Covid-19 dès la première vague. Si un seul décès en a découlé en France, plusieurs enfants ont dû être placés en soins intensifs. Le vaccin pourrait les en prémunir. Une première étude, menée par Pfizer sur 2 268 enfants, atteste en effet d’une efficacité du vaccin avoisinant les 90 %, un taux similaire à celui observé chez les adultes.

Des débats subsistent néanmoins parmi les spécialistes compte tenu de la faible représentativité de l’échantillon. Certains doutent également de la pertinence d’une vaccination de masse chez les enfants alors que ceux-ci restent peu sujets aux cas graves.

Garantir aux enfants une vie normale

Mais selon Frédéric Rieux-Laucat, la vaccination des enfants a des intérêts qui dépassent la seule protection de l’individu. Le virus circule en effet très activement dans cette classe d’âge : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a observé que les taux d’incidence pouvaient être deux à trois fois plus élevés chez les 5-14 ans que dans le reste de la population.

« Au-delà de la seule protection individuelle des enfants, les vacciner permet de protéger leurs proches, surtout en période de fêtes, et de leur garantir une vie normale, explique l’immunologiste. Empêcher l’épidémie de continuer à se répandre limite le risque de voir apparaître de nouveaux variants et permet de garantir à ces enfants la poursuite de leur socialité et de leur scolarité. »

À l’instar de nombreux confrères, Frédéric Rieux-Laucat attend donc l’avis définitif de la Haute autorité de santé (HAS), celui du Conseil national d’éthique et celui du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale présidé par Alain Fischer, le « Monsieur Vaccin » du gouvernement, qui devraient intervenir dans les prochains jours.

Des problèmes logistiques

« On attend la remontée des données provenant d’autres pays avant de se prononcer, développe Frédéric Rieux-Laucat, mais pour le moment, sur les cinq millions d’enfants vaccinés aux États-Unis (sur les 28 millions que compte le pays), nous n’avons pas relevé un seul cas d’effet secondaire indésirable grave. »

Depuis fin octobre, cinq millions d’enfants américains ont ainsi reçu un vaccin Pfizer/BioNTech au dosage adapté. S’il suit le même schéma vaccinal que celui appliqué aux adultes – une dose suivie d’un rappel au bout de trois semaines –, le vaccin pour enfants est en effet trois fois moins concentré que celui destiné aux adultes.

En France, un test sérologique est conseillé avant la vaccination afin de s’assurer que l’enfant n’a pas déjà contracté une forme asymptomatique du Covid-19. Si c’est le cas, une seule dose suffit.

Des problèmes logistiques risquent cependant de se poser rapidement, anticipe Frédéric Rieux-Laucat. « Il est déjà compliqué actuellement pour les adultes de prendre un rendez-vous pour obtenir leur troisième dose de rappel, pourtant nécessaire au maintien du passe sanitaire. Alors si on ajoute six millions d’enfants à vacciner, cela risque d’être difficile. » Deux millions de doses pour enfant ont d’ores et déjà été commandées par l’État français, et un million de plus devraient arriver en janvier.

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