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Pékin s’attaque à la suprématie du cinéma hollywoodien

L’affiche du film « The Battle at Lake Changjin », dans un cinéma de Pékin (Chine), le 30 septembre 2021. VCG / VCG / GETTY IMAGES

Le cinéma hollywoodien, l’âme et le concentré du « soft power » américain, a-t-il encore un avenir dans l’empire du Milieu ? Il se heurte d’ores et déjà violemment aux intérêts chinois du septième art. L’année 2020, marquée par la pandémie de Covid-19 et son cortège de fermetures de salles dans le monde entier, a, pour la première fois, donné une suprématie mondiale au cinéma chinois. Conjoncturellement, ce dernier a devancé, en matière de recettes au box-office, son plus grand rival avec 3,1 milliards de dollars (2,74 milliards d’euros) réalisés en Chine contre 2,3 milliards de dollars pour les Américains. Parce que le marché américain a dévissé de 80 % par rapport à 2019 et son concurrent chinois « seulement » de 66,3 %.

Au-delà, en Chine même, Pékin est de plus en plus déterminé à diminuer le nombre de films hollywoodiens diffusés sur son territoire tout en renforçant sa propre industrie cinématographique. Pour mieux diluer l’influence américaine. Depuis le 12 février 2021, date du Nouvel An chinois, les spectateurs sont massivement revenus dans les salles. « Entre le 7 décembre 2020 et le 7 décembre 2021, les recettes ont progressé de 184 % et les entrées de 150 % [à 1,1 milliard de places vendues contre 450 millions à la même période l’an dernier] », indique Eric Marti, directeur général du bureau d’études Comscore.

Même si la fréquentation n’atteint pas encore l’étiage de 2019, cette très belle reprise ne profite en rien aux studios américains, car sa part devient de plus en plus restreinte. « On ne compte cette année que cinq films américains dans le top 30, contre 11 en 2019 », détaille Eric Marti. Un manque à gagner énorme pour Hollywood, qui lutte en vain depuis des années pour obtenir un quota plus important de films étrangers autorisés à être diffusés en salle en Chine. Pékin campe sur le nombre très réduit de 34 longs-métrages non chinois, dont le partage de recettes est intéressant pour les producteurs étrangers. Les Américains arrivaient jusqu’à présent, dans cet exercice très contraint, à décrocher la part du lion de ce quota.

S’imposer dans les grands festivals

Cette année, Fast & Furious 9, de Justin Lin (Universal Pictures), arrive en cinquième position du box-office, très largement devancé par des films chinois. Sortie en février, la comédie chinoise d’une rare mièvrerie Hi, Mom, de Jia Ling, a fédéré 120 millions de spectateurs. Detective Chinatown 3 a réalisé 51 millions de dollars de recettes rien que le week-end de sa sortie.

The Battle at Lake Changjin, un film nationaliste de Chen Kaige, Tsui Hark et Dante Lam, retraçant un épisode important de la guerre de Corée qui a opposé les Chinois aux Nord-Américains, en salle depuis début octobre, s’impose quant à lui comme un succès historique. Il a engrangé 886 millions de dollars de recettes en neuf semaines. Débarqué sur les écrans un mois plus tard, le dernier James Bond, Mourir peut attendre, de Cary Joji Fukunaga, fait pâle figure avec moins de 65 millions de dollars de recettes.

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