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Un tribunal belge déboute cinq femmes métisses nées au Congo

Les cinq plaignantes, à Bruxelles, le 14 octobre 2021. HADRIEN DURE / AFP

Elles auront éclairé une réalité tragique et longtemps cachée, mais c’est, à ce stade, leur seule victoire. Le tribunal civil de Bruxelles a en effet estimé, mercredi 8 décembre, que le procès que cinq femmes métisses nées au Congo intentaient à l’Etat belge n’avait pas de raison d’être. Ces « enfants mulâtres » devenues de combatives septuagénaires, avaient été enlevées de force à leur mère noire et recensées comme « nées de père inconnu », alors que celui-ci était blanc et bien identifié.

Les plaignantes voulaient que l’ancienne puissance coloniale reconnaisse d’abord leur souffrance, ensuite sa responsabilité dans ce qu’elles estiment être une politique basée sur des critères purement raciaux, assimilable à un crime contre l’humanité.

Les faits sont prescrits et, à l’époque où ils se sont déroulés – entre 1948 et 1961 – l’incrimination de crime contre l’humanité n’existait pas dans le droit belge, a fait valoir le tribunal. Ce dernier reconnaît toutefois dans son jugement que « la volonté politique de plus en plus répandue aujourd’hui de réparer des préjudices historiques » permettrait, en 2021, de considérer que l’enlèvement d’enfants et leur placement dans des institutions religieuses relèvent bien d’une telle définition.

« Protection de la population indigène »

Les autorités coloniales belges ont agi à l’encontre des métisses sur la base d’un décret adopté à la fin du XIXe siècle par le roi Léopold II. Il évoquait l’obligation de « protection de la population indigène et d’amélioration de ses conditions de vie et morale », spécialement pour les enfants mulâtres.

L’Eglise belge a reconnu, en 2013, qu’elle avait participé au calvaire des métisses, privées de l’essentiel dans des institutions religieuses et livrées à elles-mêmes dans la brousse au moment de l’indépendance. On avait pourtant assuré à ces enfants, parfois très jeunes, qu’il s’agissait, en les enlevant à leur génitrice, de leur éviter « un destin de nègres ».

En 2018, la Chambre des députés dénonçait la « ségrégation ciblée » dont les populations métisses avaient été victimes. Et en 2019, Charles Michel, alors premier ministre, enchaînait et présentait des excuses officielles en déplorant le déracinement et l’abandon des victimes. Une commission spéciale était ensuite mise en place pour éclairer différentes facettes du passé colonial belge mais, manifestement divisée, elle est très loin de conclure ses travaux. Dans l’immédiat, les archives de l’époque sont, en tout cas, toujours interdites aux avocats des plaignantes.

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