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Foshan, la ville-usine chinoise qui rêvait de hautes technologies

Dans le quartier commerçant de Foshan (province chinoise du Guangdong), le 19 novembre 2021. RAUL ARIANO POUR «LE MONDE»

Après des années à vendre des machines à souder à des usines de métallurgie à Nanhai, un district du nord de Foshan, ville industrielle du Guangdong (sud de la Chine), Zhao Liang a identifié un filon : il fixe désormais les mêmes outils de soudure sur des bras robotisés qui font le travail à la place des ouvriers, et vend le tout aux mêmes clients. « Beaucoup d’entreprises veulent remplacer les employés pour faire des économies, explique le trentenaire. Du temps de mes parents, l’avantage de la Chine, c’était d’avoir une main-d’œuvre abondante, pas chère, et prête à travailler très dur. Maintenant, il y a de moins en moins de jeunes, et ils ne veulent plus faire ce genre de boulot dans les usines », poursuit-il.

Lui-même originaire du Sichuan, une province pauvre du sud-ouest, il a émigré vers Foshan il y a douze ans pour chercher fortune dans la sidérurgie. A la tête de quatre employés dans sa PME fondée en 2019, le jeune homme au teint mat et à la chevelure épaisse, coiffée sur le côté, a connu une année 2020 excellente, malgré la pandémie de Covid-19. Il a pu s’acheter son premier appartement, dans une résidence construite quelques rues plus loin.

Le quartier a beaucoup changé. « Avant, ici, c’étaient des champs, des marais, et quelques usines sidérurgiques. Foshan était connue pour le recyclage de l’acier. Aujourd’hui, la plupart des fonderies ont dû déménager. Mon père, qui travaillait dans le secteur, a perdu son emploi », décrit Zhao Liang. L’industrie lourde n’a plus la cote à Foshan, l’une de ces villes-usines gigantesques du Guangdong, la province qui fait face à Hongkong. A la place, la cité connue pour le textile, la céramique de salle de bains et le métal,souhaiterait monter en gamme.

La robotisation est encouragée et la recherche bénéficie de soutiens généreux du gouvernement local. Même le petit atelier de M. Liang, avec ses trois bras articulés jaunes, son établi et son petit bureau sombre où il sert le thé, est éligible à des subventions : « On est en train de faire enregistrer quelques brevets et, dans quelques mois, on pourra déposer notre candidature pour des aides. On peut espérer entre 50 000 et 500 000 yuans [entre 7 000 et 70 000 euros] pour une PME », souligne le jeune patron.

« On peine à recruter »

Vingt ans après l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, Foshan, grande ville industrielle mitoyenne de Canton, à l’ouest, conserve certaines de ses industries traditionnelles. Au sud se trouvent toujours les ateliers de textile, qui ont contribué au développement national grâce à leur main-d’œuvre bon marché. Dans des grands bâtiments de béton de quelques étages, des ouvriers plissent les yeux, penchés sur des machines à coudre. La moyenne d’âge paraît plutôt avancée et, faute de relève, les salaires augmentent : les ouvriers expérimentés gagnent entre 6 000 et 10 000 yuans par mois, plus que des jeunes cols blancs travaillant dans les immeubles modernes du centre-ville, mais au prix de semaines qui dépassent souvent les soixante heures.

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