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En Birmanie, la junte militaire inflige sa première condamnation à Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi, à l’époque ministre des affaires étrangères, avec le général Min Aung Hlaing, actuel chef de la junte au pouvoir en Birmanie, le 6 mai 2016 à Naypyidaw. AUNG SHINE OO / AP

Arrêtée le 1er février lors du coup d’Etat de l’armée birmane, Aung San Suu Kyi a été condamnée, lundi 6 décembre, par une cour pénale de Naypyidaw, la capitale du pays, à quatre ans de prison – peine entre-temps ramenée à deux ans – pour « incitation au soulèvement » et pour avoir violé des règles relatives aux rassemblements en temps de pandémie de Covid-19. Au total, douze accusations pèsent sur l’ancienne dirigeante civile de facto de Birmanie, accusations de corruption, de fraude électorale ou de violation des lois sur les télécommunications (pour possession de talkies-walkies sans licence).

L’ancien président Win Myint, un proche allié de la Prix Nobel, a été condamné à la même peine. Un porte-parole de la junte, dirigée par le général Min Aung Hlaing, a indiqué qu’ils ne seraient pas conduits en prison pour le moment. « Ils devront faire face à d’autres accusations depuis les lieux où ils séjournent actuellement » à Naypyidaw, a-t-il ajouté.

Aung San Suu Kyi avait été inculpée pour incitation aux troubles publics après deux déclarations émises les 7 et 13 février, par le comité exécutif central de son parti, la NLD (la Ligue nationale pour la démocratie), grand vainqueur des élections générales de novembre 2020. La première appelait la communauté internationale, dont les Nations unies, les gouvernements étrangers et les chancelleries étrangères au Myanmar, à ne pas reconnaître le régime issu du coup d’Etat. La seconde disait que tous les règlements, règles et lois promulgués par la junte étaient illégaux. L’équipe de défense des accusés a fait valoir que ces déclarations n’avaient été signées par aucun représentant du parti, un argument que n’a pas reconnu le juge Ye Lwin.

Ce dernier est connu pour respecter jusqu’à un certain point les formes, tout en ne dérogeant jamais aux exigences de son maître, en l’occurrence l’armée. La Cour suprême est présidée depuis 2011 par un officiel issu des rangs de l’institution militaire. Le juge Ye Lwin a condamné début novembre l’ex-cadre dirigeant de la NLD et ex-prisonnier politique Win Htein à vingt ans de prison pour sédition. Les avocats de Mme Suu Kyi n’ont pas été autorisés à s’exprimer en public, mais la défense a obtenu la semaine dernière que Win Htein puisse témoigner.

Manque de soutien de l’international

Le juge Ye Lwin s’est distingué lors de la période de gouvernement civil entre 2015 et 2021, marquée par les tiraillements entre le gouvernement élu d’Aung San Su Kyi et l’armée encore toute puissante. En 2019, il condamna à sept ans les deux journalistes birmans de Reuters accusés d’avoir violé la loi sur les secrets officiels en révélant le massacre de villageois rohingya. Mais il prit aussi en compte lors de leur procès un témoignage capital pour la défense, et embarrassant pour l’armée : celui d’un capitaine de police qui prouvait que les journalistes avaient bien été victimes d’un piège. Les condamnations furent lourdes – mais les deux journalistes furent libérés moins d’un an plus tard en vertu d’une grâce présidentielle.

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