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Zsolt Balla, un rabbin de combat pour l’armée allemande

Par Anne Vidalie

Publié aujourd’hui à 00h47

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PortraitPour la première fois depuis plus d’un siècle, la Bundeswehr a nommé un aumônier militaire juif. Zsolt Balla, d’origine hongroise, devra notamment lutter contre les dérapages de l’extrême droite dans les rangs de l’institution.

Drôle d’endroit pour une rencontre. Le rabbin Zsolt Balla, aumônier juif de l’armée allemande, donne rendez-vous au café du Becycle, un club de fitness de Berlin-Mitte, le centre de la capitale allemande. Il s’en excuse : il n’est entré en fonction qu’en juin, son bureau est encore en chantier, sa future équipe de dix rabbins en cours de recrutement. Qu’importe. Dans ce lieu branché et lumineux, les femmes qui vont et viennent en leggings et baskets ne prêtent aucune attention à ce barbu en costume cravate et kippa.

Regard aigue-marine et sourire désarmant, Mordechai Eliezer Balla, dit « Zsolt », se sent chez lui ici, en Allemagne, dans ce pays qui a fait de lui le premier rabbin de la Bundeswehr depuis un siècle. Pourtant, c’est à Budapest, en Hongrie, qu’il a vu le jour en 1979. Jusqu’à l’âge de 9 ans, il ne sait rien de sa judaïté. Il n’est pas une exception, assure-t-il, dans les anciens pays de l’Est : « S’afficher comme juif n’était pas jugé très bon pour promouvoir sa carrière ou développer ses relations sociales. » A l’époque, il ne sait rien d’Auschwitz, où sa tante a frôlé la mort ; rien non plus des camps de travail qui ont coûté la vie à son grand-oncle Eliezer. Il n’a jamais entendu parler du diplomate suédois Raoul Wallenberg, ce Juste qui sauva la vie de sa mère et de sa grand-mère – et de 20 000 autres juifs – en leur procurant des faux papiers et en les hébergeant dans l’un des immeubles de la capitale hongroise loués par ses soins et placés sous immunité diplomatique.

L’éducation et la lecture

Dans les années 1980, le petit Zsolt grandit dans cette République démocratique hongroise si chère à ses grands-parents maternels, qui préfèrent le communisme à leur religion, Marx à leur Dieu. Son père, qui a eu trois fils d’une précédente union, n’est pas juif. Lieutenant-colonel, il a rejoint les rangs de l’armée populaire pour fuir son village à la frontière ukrainienne et échapper ainsi à la pauvreté.

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Chez les Balla, on chérit l’éducation et la lecture. Cela tombe bien, Zsolt aime les livres par-dessus tout, surtout la Bible. En 1988, tandis que le rideau de fer commence à se déchirer en Hongrie, les lieux de culte entrouvrent peu à peu leurs portes. Le garçon annonce alors sa décision : il veut étudier la lecture biblique à l’église catholique voisine. « Il faut que je te parle », lâche alors sa mère. « En découvrant que j’étais juif, j’ai compris que j’avais une connexion personnelle aux Ecritures, se souvient le rabbin. Tout à coup, la Bible ressemblait pour moi à un vieux journal de bord familial que j’aurais retrouvé dans le grenier. »

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