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La station de ski des Madrilènes au cœur d’une bataille politique

LETTRE DE MADRID

Près de la station du Puerto de Navacerrada (Espagne), dans le parc naturel de la Sierra de Guadarrama, en janvier 2013. WIKIMEDIA

Les touristes qui visitent Madrid, ses musées et ses rues animées, ne le savent souvent pas, mais à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale espagnole et moins d’une heure en voiture, on skie. Ou, plutôt, on skiait.

La station du Puerto de Navacerrada, située à 1 857 mètres d’altitude dans le magnifique parc naturel de la Sierra de Guadarrama, à la frontière entre les régions de Madrid et de Castille-et-León, n’a pas grand-chose à offrir aux skieurs confirmés. Elle compte à peine neuf pistes de ski alpin, dont deux d’initiation de moins de 100 mètres de long. Elle ne brille pas non plus par sa beauté, avec ses restaurants et hôtels à moitié abandonnés, ses édifices sans charme et cette grande piste, rarement couverte de neige, qui fait face au parking, bondé les week-ends et jours fériés, où n’accèdent souvent que les plus matinaux, tant les bouchons peuvent être denses.

Cependant, elle conserve pour de nombreux Madrilènes une valeur sentimentale. C’est là, souvent, qu’ils ont connu leur premier contact avec la neige. Ici aussi que se sont initiés plusieurs skieurs ayant disputé les Jeux olympiques, comme ceux de la famille Fernandez Ochoa (Francisco remporta même l’or en slalom, en 1972, et sa sœur Bianca le bronze, en 1992).

Plus 2 °C et un quart de neige en moins en cinquante ans

Du haut des pistes, la vue sur la chaîne montagnarde est époustouflante. Ouverte à la fin des années 1940, la deuxième station d’Espagne a connu son apogée entre les années 1960 et 1980, avant de tomber en décadence. Faute d’investissements. Faute de neige, aussi. Or, quand elle n’est pas recouverte d’un manteau blanc, c’est-à-dire l’immense majorité du temps, elle n’est qu’une immense plaie sur la montagne.

En mars, le ministère de la transition écologique, propriétaire des terrains au travers de l’organisme de gestion des parcs nationaux, a donc décidé de ne pas prolonger la concession des trois principales pistes – les seules pourvues de canons à neige – qui prenait fin le 3 avril, après vingt-cinq ans d’exploitation par la société Estacion de Esqui-Puerto de Navacerrada.

Les arguments du gouvernement de gauche sont environnementaux : l’impact de la station, avec la haute pression touristique qu’elle génère, est néfaste pour le parc naturel. Soumise à un trafic automobile intense et victime du réchauffement climatique, Navacerrada a vu la température moyenne augmenter de près de 2 °C, ces cinquante dernières années. Quant à la quantité de neige, elle s’est réduite de près de 25 %. Or, la station occupe 7,6 hectares d’une zone de haute valeur écologique et forestière, que le ministère veut restituer à son état naturel, et promouvoir des activités moins dommageables à l’environnement.

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