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Le dissident et journaliste tchèque Petr Uhl est mort

Ancien dissident, député, puis commissaire aux droits de l’homme, Petr Uhl consacrera sa vie à la défense des droits humains et des minorités. Ici, le 11 novembre 2009. RENE VOLFAK / AP

Jeune enseignant tchécoslovaque de passage à Paris, Petr Uhl avait pris le goût de la révolution dans l’effervescence de Mai 68. Ce goût devait lui coûter cher : de retour à Prague, un combat de deux décennies, entrecoupé de longs séjours en prison, l’attendait avant de pouvoir retrouver, en 1989, cette liberté à laquelle il tenait tant. Dissident de gauche, compagnon de Vaclav Havel, journaliste, francophile, Petr Uhl est mort le 1er décembre à Prague, à l’âge de 80 ans.

Né le 8 octobre 1941 dans la capitale tchécoslovaque, il obtient un diplôme d’ingénieur en 1963 et opte pour l’enseignement. Etudiant, il avait rencontré Alain Krivine à Moscou au Festival international de la jeunesse et se lie d’amitié avec lui au cours d’un voyage à Paris ; « C’est dans ce milieu de l’extrême gauche, racontera-t-il au Monde, que se sont forgées mes opinions politiques. » Petr Uhl crée le Mouvement de la jeunesse révolutionnaire, ce qui lui vaut d’être arrêté une première fois en 1969, en pleine normalisation après l’intervention soviétique qui avait écrasé le Printemps de Prague ; il est condamné à quatre ans de prison.

La création de la Charte 77 et du VONS

Il continue à se battre après sa détention et organise, avec le dramaturge Vaclav Havel et quelques autres dissidents, la Charte 77, autour de laquelle va se cristalliser l’opposition au régime communiste. Il en publie un bulletin clandestin et cofonde aussi le VONS, comité pour la défense des personnes injustement poursuivies. Petr Uhl est à nouveau arrêté en 1979, avec Havel, Jiri Dienstbier et Vaclav Benda, compagnons de la Charte 77. Cette fois, ce sera pour cinq ans.

Le pays qu’ils retrouvent en sortant est dur. Havel, Uhl, Dientsbier et leurs amis dissidents sont isolés, ostracisés, surveillés en permanence. Devant l’immeuble qui abrite l’appartement où vit Petr Uhl, dans le centre de Prague, avec sa femme Anna Sabatova – fille de Jaroslav Sabata, figure du Printemps de Prague, elle est aussi militante de la Charte 77 – et leurs enfants, des caméras enregistrent leurs allées et venues et celles de leurs visiteurs. Car dans ce pays muet, la porte de Petr Uhl et Anna Sabatova reste courageusement ouverte à ceux qui ont besoin d’aide ou aux journalistes venus de l’étranger. Parfait francophone, Petr Uhl, vif, chaleureux et accueillant, ne se départit jamais de son humour grinçant, même aux moments les plus sombres.

La chute du régime est plus lente à Prague qu’à Varsovie

Le glacis tchécoslovaque commence enfin à se fissurer en 1988, alors que la Pologne et la Hongrie lancent l’assaut final contre l’empire soviétique. Le 9 décembre 1988, le président François Mitterrand vient en visite officielle à Prague et prend l’initiative inédite d’inviter un groupe de dissidents à un petit-déjeuner à l’ambassade de France, affichant ainsi un soutien précieux à cette opposition démocratique ; Petr Uhl est de la partie, aux côtés de Havel et de Dientsbier.

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