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« Certaines de mes conférences ont dû être protégées par des agents de sécurité » : les universités britanniques confrontées à la bataille du genre

Par Cécile Ducourtieux

Publié aujourd’hui à 02h12

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EnquêteAu Royaume-Uni, des professeurs et des intellectuels s’alarment des menaces sur la liberté d’expression, en particulier en ce qui concerne les questions de sexe et de genre, sources de vives tensions entre une partie des féministes et des activistes trans.

Kathleen Stock a l’air fatiguée. Vêtue d’une chemise écossaise sur un tee-shirt, les cheveux en bataille, elle s’excuse d’être en retard. Depuis quelques jours, elle vit un tourbillon médiatique et émotionnel, mais sa voix reste ferme pour ce rendez-vous en visio depuis chez elle, quelque part dans le sud de l’Angleterre. « J’ai été en colère, mais je ne le suis plus ; je suis juste soulagée. Je ne pouvais plus rester à l’université, je savais que le harcèlement allait continuer. » Cette universitaire et écrivaine de 49 ans est une célébrité au Royaume-Uni depuis le 28 octobre et sa fracassante démission de l’université du Sussex, où elle avait passé dix-sept années à enseigner la philosophie.

L’explication de son départ ? La pression, devenue trop intense, d’étudiants et de collègues qui réclamaient sa tête depuis trois ans en raison de ses opinions sur le sexe et le genre. Pour Kathleen Stock, le sexe biologique est une réalité inaliénable. Elle critique donc les activistes, très présents sur les réseaux sociaux, convaincus, pour leur part, que le genre prévaut sur le sexe : selon eux, une femme transgenre est littéralement une femme, même si elle a encore les organes génitaux d’un homme, et prétendre qu’il n’en est rien revient à nier son identité.

La philosophe alerte sur les dangers supposés de ces affirmations. « Le sexe n’est pas juste quelque chose dans votre tête, c’est une réalité biologique, avec des implications médicales ou sportives », insiste-t-elle. Sans compter que les femmes, à l’entendre, ont besoin d’être protégées d’éventuelles agressions sexuelles, dans des espaces réservés (vestiaires, toilettes, prisons), et qu’il n’est donc pas envisageable qu’elles partagent de tels lieux, sans discernement, avec toutes les personnes se déclarant femmes même si, à ses yeux, elles ne le sont biologiquement pas. Ses idées, « complètement courantes dans d’autres pays », d’après Kathleen Stock, lui valent d’être accusée de transphobie sur les réseaux sociaux et sur le campus du Sussex, à Brighton, dans le sud de l’Angleterre. Une accusation qu’elle repousse farouchement : « Je demande juste à débattre de manière respectueuse. »

‘People who menstruate.’ I’m sure there used to be a word for those people. Someone help me out. Wumben? Wimpund? W… https://t.co/JEQbzYBS9O

— jk_rowling (@J.K. Rowling)

Cette confrontation entre promoteurs de l’identité de genre et féministes « critiques du genre » a explosé dans la sphère médiatique en 2020. Au cœur de la tourmente : l’écrivaine britannique J.K. Rowling, créatrice de la saga Harry Potter. Elle a été prise à partie pour avoir plaisanté, en réaction à un article qui parlait de « personnes qui ont des règles » : « Je suis sûre qu’il y a eu un mot pour qualifier ces personnes, quelqu’un m’aide ? », puis en insistant sur l’importance de ne pas « effacer le concept du sexe » au profit du genre.

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