La voie vers la présidence du Honduras est ouverte pour Xiomara Castro. La droite au pouvoir, devancée d’une vingtaine de points par la candidate de la gauche, a reconnu, mardi 30 novembre, sa défaite à l’élection présidentielle, alors que les résultats partiels portent sur plus de la moitié des suffrages.
« Je me suis réuni avec Xiomara et toute sa famille. Je suis allé chez elle pour la féliciter personnellement (…) Je la félicite pour son triomphe et en tant que présidente élue, je souhaite que Dieu l’illumine et la guide pour que son gouvernement fasse ce qu’il y a de mieux », a déclaré son concurrent, le candidat du Parti national (PN, droite) au pouvoir, Nasry Asfura, dans un message vidéo. M. Asfura s’était engagé à respecter le résultat du vote et avait demandé que ne coule « pas une goutte de sang ».
Le PN continuera de « travailler avec force et depuis l’opposition pour prendre soin de la démocratie », a dit pour sa part le secrétaire du Comité central du parti, Kilvett Bertrand. « Vous pouvez constater le climat de paix et de tranquillité qu’il y a dans le pays », a-t-il souligné.
Washington impatient « de travailler avec le prochain gouvernement »
Les Honduriens attendent toujours les résultats définitifs de l’élection, à l’issue de laquelle Mme Castro deviendrait la toute première femme présidente de ce pays d’Amérique centrale. Depuis la clôture des bureaux de vote dimanche, le décompte des voix progresse lentement.
Selon des résultats partiels portant sur 52,57 % des bulletins, Mme Castro, 62 ans, du Parti liberté et refondation (Libre), obtient 53,41 % des voix, loin devant Nasry Asfura (34,08 %). Selon le Conseil national électoral (CNE), de nombreux procès-verbaux arrivés sous forme physique doivent être désormais traités informatiquement, alors qu’une première moitié est arrivée directement sous format numérique.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a salué une élection « libre et juste », et félicité la gagnante. « Nous sommes impatients de travailler ensemble pour renforcer les institutions démocratiques, promouvoir la croissance économique et combattre la corruption », a-t-il tweeté.
Dès dimanche soir, Xiomara Castro, épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, renversé en 2009 par un coup d’Etat, avait revendiqué la victoire. L’ancienne première dame a promis de « former un gouvernement de réconciliation ».
Un pays meurtri
Dans ce pays d’Amérique centrale de 10 millions d’habitants, en proie à la violence et à la pauvreté, la participation s’est établie à un niveau « historique » dépassant les 60 %, selon le CNE. Mardi, dans une déclaration préliminaire, la mission d’observation de l’Union européenne a souligné que la « journée électorale avait été globalement calme et que la transmission des résultats s’est déroulée sans heurts jusqu’à présent ».
« En même temps, la période précédant les élections générales a été marquée par des niveaux sans précédent de violence politique et une polarisation intense », est-il écrit dans un communiqué. « Au moins six maires, candidats et militants ont été assassinés dans les semaines précédant les élections », a déclaré, mardi, depuis Tegucigalpa, la cheffe de la mission européenne, Zeljana Zovko, lors d’une conférence de presse.
La victoire annoncée de Mme Castro mettra fin à douze ans de règne du Parti national. Elle succédera au président Juan Orlando Hernandez, qui termine son second mandat sur fond de soupçons de trafic de drogue. En 2013, M. Hernandez avait battu d’une courte tête Xiomara Castro, et était ensuite passé outre la Constitution pour se présenter à un second mandat en 2017. Sa douteuse réélection sur le fil face à la star de la télévision Salvador Nasralla avait provoqué de violentes manifestations.
Mme Castro va devoir gouverner un pays meurtri par la violence des gangs, le trafic de drogue et les conséquences de deux ouragans dévastateurs qui ont ravagé en 2020 le pays, où 59 % de la population vit dans la pauvreté. Le chômage a presque doublé en un an, en raison notamment de la pandémie de coronavirus, passant de 5,7 % en 2019 à 10,9 % en 2020.
Chaque année, des dizaines de milliers de Honduriens tentent de rejoindre le million de leurs compatriotes ayant fui la violence et la misère, dans leur écrasante majorité aux Etats-Unis.
Avec un taux d’homicides de 37,6 pour 100 000 habitants en 2020, le Honduras est en outre un des pays les plus dangereux au monde (hors zones de conflit).
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