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Thomas Borrel et Antoine Glaser : « Un retrait militaire français d’Afrique serait un marqueur de rupture »

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Le président Emmanuel Macron et son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré (à droite en tenue faso dan fani), à l’aéroport de Ouagadougou, au Burkina Faso, le 27 novembre 2017. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

L’image est aussi implacable qu’évocatrice de l’état des relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique. Quatre ans après le discours de Ouagadougou du 28 novembre 2017, dans lequel Emmanuel Macron avait présenté sa stratégie pour changer le récit et la nature des relations entre Paris et l’Afrique, c’est dans ce même pays, le Burkina Faso, qu’un convoi de l’armée française s’est trouvé ces derniers jours bloqué par des manifestants, accusant notamment la France de livrer des armes aux djihadistes.

Thomas Borrel, porte-parole de l’association Survie et coauteur de l’ouvrage L’Empire qui ne veut pas mourir (Seuil, 1 008 pages, 25 euros), et Antoine Glaser, coauteur du Piège africain de Macron (Fayard, 272 pages, 19 euros), analysent, avec des regards très différents, les raisons des difficultés de la France à renouveler sa politique et son image en Afrique.

Pourquoi l’image de la France continue-t-elle de se dégrader dans ses anciennes colonies ?

Thomas Borrel : Lors du discours de Ouagadougou, Emmanuel Macron était allé jusqu’à affirmer qu’il n’y avait plus de politique africaine de la France. Il y a eu des annonces symboliques, propres à créer une bulle de communication, comme avec la restitution des œuvres d’art, mais leur portée reste limitée. Face à la contestation contre le franc CFA ou contre le dispositif militaire au Sahel, il y a de petits aménagements qui ne changent rien en profondeur. Il ne faut donc pas s’étonner que Paris soit de plus en plus impopulaire auprès de la jeunesse africaine.

Antoine Glaser : Selon moi, le fil rouge de la « Françafrique » et donc de cette impopularité, c’est le maintien de l’armée française sur le continent. Il sert de cache-misère à une présence globalement en déshérence. Dans l’imaginaire des Africains, ces militaires sont l’incarnation de la « Françafrique » à l’ancienne. On l’a vu au Tchad après la mort d’Idriss Déby [le 20 avril 2021] : le fils s’est fait adouber par la France car il n’y avait pas de plan B. Mais cette présence est aussi ce qui donne l’impression aux autres Européens que, après avoir été le gendarme de l’Afrique contre l’Union soviétique, l’armée française est le gendarme contre l’islamisme.

Est-ce qu’une renégociation des accords de défense et le retrait des bases militaires apaiseraient les relations ?

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