France World

L’Europe se réunit à Calais pour lutter contre le trafic migratoire, sans le Royaume-Uni

A migrants makeshift camp is set up in Calais, northern France, Saturday, Nov. 27, 2021. At the makeshift camps outside Calais, migrants are digging in, waiting for the chance to make a dash across the English Channel despite the news that at least 27 people died this week when their boat sank a few miles from the French coast. (AP Photo/Rafael Yaghobzadeh) RAFAEL YAGHOBZADEH / AP

Quatre jours après le pire drame migratoire survenu dans la Manche, qui a fait 27 morts, une réunion européenne se tient dimanche 28 novembre à Calais, afin de renforcer la lutte contre le trafic migratoire. Réunissant les ministres chargés de l’immigration allemand, néerlandais, belge, français, ainsi que la commissaire européenne aux affaires intérieures, cette réunion intergouvernementale de travail débutera à 15 heures dans la ville portuaire du nord de la France. Les agences européennes de police criminelle, Europol, et des frontières, Frontex, y seront représentées.

La rencontre a pour objet « la lutte contre l’immigration clandestine et les réseaux de passeurs », selon une note de presse du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, diffusée samedi soir. Il s’agit de renforcer « la coopération opérationnelle dans la lutte contre les passeurs, car ce sont des réseaux internationaux qui opèrent dans différents pays européens », argumente pour l’Agence France-Presse l’entourage du ministre.

Les traversées se sont développées depuis 2018 face au bouclage du port de Calais et du tunnel sous la Manche, que les migrants empruntaient en se cachant à bord de véhicules. Selon M. Darmanin, 30 filières de passeurs ont été démantelées lors des dix premiers mois de l’année, contre 22 pour l’année 2020. Et depuis le 1er janvier 1 500 personnes liées à ces réseaux ont été arrêtées. Mais le trafic ne faiblit pas, l’Allemagne étant désormais montrée du doigt comme une base arrière des passeurs.

Londres, pas invité, appelle à coopérer

La réunion se déroulera sans la partie britannique, pourtant concernée au premier chef : M. Darmanin a annulé la participation de son homologue Priti Patel, vendredi, en riposte à une lettre publiée jeudi soir sur Twitter par Boris Johnson, demandant à Paris de reprendre les migrants arrivant en Grande-Bretagne depuis la France. Dans un message adressé à Mme Patel, M. Darmanin s’est dit « déçu » des exigences du premier ministre britannique et a jugé « encore pire » leur publication. Le président Emmanuel Macron avait, lui aussi, tancé M. Johnson, pour des méthodes considérées comme « pas sérieuses ».

Le gouvernement britannique a insisté samedi sur le fait que les relations avec la France restaient « fortes ». La lettre de M. Johnson « reconnaît absolument tout ce que le gouvernement et les autorités françaises ont fait, qu’il s’agit d’un défi partagé », a assuré à la BBC le secrétaire d’Etat britannique à la sécurité, Damian Hinds. « Mais maintenant, particulièrement poussés par cette terrible tragédie, nous devons aller plus loin, approfondir notre partenariat, élargir ce que nous faisons, élaborer de nouvelles solutions », a-t-il ajouté.

Cherchant à éteindre la colère de Paris, le gouvernement britannique a de nouveau appelé la France à coopérer pour lutter contre les passeurs de migrants : « Nous devons tous faire ce que nous pouvons pour briser le modèle économique de ces trafiquants d’êtres humains », et « cela implique de travailler en étroite collaboration avec nos amis français », a déclaré sur Sky News le ministre de la santé, Sajid Javid. « Nos deux pays se livrent à un jeu de reproches alors que des enfants se noient dans notre Manche », a dénoncé dimanche sur Sky News la députée de l’opposition travailliste Lisa Nandy, « c’est tout simplement inadmissible ».

Samedi, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a estimé qu’il revenait à la Grande-Bretagne de résoudre ses problèmes relatifs à l’afflux des migrants. Le Royaume-Uni « a quitté l’Union européenne », en conséquence il « doit à présent décider comment organiser la gestion du contrôle de ses frontières », a affirmé M. Schinas. « Si je me souviens bien, le principal slogan de la campagne du référendum [sur le Brexit] était Nous reprenons le contrôle », a ajouté M. Schinas, qui coordonne un nouveau pacte concernant les migrations et l’asile.

Les associations fatalistes

L’enquête sur le naufrage meurtrier dans la Manche est menée à la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junlaco), à Paris. Mais rien n’a filtré, ni sur la nationalité des victimes ni sur les causes du naufrage.

Pour les associations d’aide aux migrants du Calaisis, la réunion risque pourtant de ne rien résoudre, notamment du fait de l’absence britannique. Pour François Guennoc, président de l’Auberge des migrants, « quand le gouvernement accuse les passeurs, c’est une façon de masquer ses propres responsabilités ». « S’il y avait des possibilités de passages légaux en Grande-Bretagne, il n’y aurait pas de passeurs », juge-t-il. Juliette Delaplace, de la mission du Secours catholique auprès des exilés, craint, pour sa part, une réponse « uniquement répressive et sécuritaire ».

Le Monde avec AFP

Source

L’article L’Europe se réunit à Calais pour lutter contre le trafic migratoire, sans le Royaume-Uni est apparu en premier sur zimo news.