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Au Honduras, un scrutin à l’ombre du trafic de drogue

Un militaire lors de la préparation des urnes, le 23 novembre 2021 à Tegucigalpa. FREDY RODRIGUEZ / REUTERS

Dans un climat de méfiance et de violence, les Honduriens sont appelés se rendre aux urnes, dimanche 28 novembre, pour des élections présidentielle, législatives et municipales pleines d’incertitudes, mais cruciales pour l’avenir du pays. Au moins 28 acteurs politiques ont été assassinés depuis le début de la campagne.

Le Honduras vit en crise perpétuelle depuis le coup d’Etat de 2009, qui a démis le président de gauche, Manuel Zelaya (2006-2009) et placé le Parti national (PN, droite) au pouvoir. Les 5 millions d’électeurs doivent décider s’ils donnent un coup de balai radical dans l’administration de leurs institutions, ou s’ils maintiennent au pouvoir des responsables politiques souvent accusés de trafic de drogue, de corruption et de blanchiment. La justice américaine n’a pas hésité à qualifier le Honduras de « narco-Etat ».

Le président actuel, Juan Orlando Hernandez (dit « JOH »), a été cité par un tribunal new-yorkais comme un « allié puissant » et un complice de son frère « Tony » Hernandez, condamné en mars à la prison à perpétuité pour trafic de drogue. Le chef de l’Etat clame son innocence, attribuant ces accusations à une vengeance de narcotrafiquants extradés par Tegucigalpa vers les Etats-Unis.

Aujourd’hui, les craintes de violences postélectorales sont grandes. « Un climat de méfiance envers les résultats est alimenté par tous les candidats, et en cas de résultats trop serrés, la population pourrait être tentée de sortir dans la rue », souligne Tiziano Breda, analyste au centre de réflexion International Crisis Group, qui craint une réédition du scénario de 2017. A l’époque, la réélection de « JOH » et les accusations de fraude avaient provoqué des manifestations massives, qui avaient été réprimées dans le sang, avec 23 morts.

Abolir la « dictature »

En tête des sondages, Xiomara Castro (Parti liberté et refondation, Libre, gauche), épouse de l’ex-président démis Manuel Zelaya, veut abolir la « dictature du Parti national ». L’opposition a réussi à s’unir derrière elle, le candidat du Parti Salvador de Honduras, Salvador Nasralla, ayant renoncé à sa propre candidature en octobre, en échange du poste de vice-président en cas de victoire de la candidate.

Mme Castro peut compter sur le soutien des mouvements sociaux et des syndicats. Elle a fait une campagne progressiste, promettant notamment de dépénaliser partiellement l’avortement – interdit sans exception au Honduras – et de créer un organisme de lutte contre l’impunité, en collaboration avec les Nations unies.

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