Le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas a estimé, samedi 27 novembre, que c’est au Royaume-Uni que revient la responsabilité de résoudre ses problèmes liés à l’afflux des migrants depuis le Brexit. Le pays « a quitté l’Union européenne » (UE), en conséquence il « doit à présent décider comment organiser la gestion du contrôle de ses frontières », a affirmé M. Schinas. « Si je me souviens bien, le principal slogan de la campagne du référendum [sur le Brexit] était “Nous reprenons le contrôle” », a-t-il ajouté.
La crise migratoire a connu une escalade après le naufrage mercredi 24 novembre d’une embarcation dans la Manche qui a coûté la vie à 27 migrants. Les tensions entre la France et le Royaume-Uni se sont encore exacerbées, vendredi, après la publication d’une lettre de Boris Johnson adressée à Emmanuel Macron, dans laquelle le premier ministre britannique demande à la France de reprendre les immigrés arrivant au Royaume-Uni.
La publication de cette lettre a ulcéré la France. En réponse, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annulé l’invitation de son homologue britannique, Priti Patel, à la réunion de dimanche à Calais consacrée aux migrants.
Des méthodes « pas sérieuses »
La réunion aura lieu, sans les Britanniques mais avec les ministres chargés de l’immigration belge, allemand et néerlandais, ainsi que la Commission européenne. Dans un message à Mme Patel, M. Darmanin estime que si la lettre de M. Johnson à M. Macron a suscité la « déception », le fait d’avoir rendu public ce courrier est « pis » encore.
En visite à Rome, Emmanuel Macron a lui aussi tancé le premier ministre britannique pour ses méthodes « pas sérieuses ». « On ne communique pas d’un dirigeant à l’autre sur ces questions-là par tweets et par lettres qu’on rend publiques. Nous ne sommes pas des lanceurs d’alerte », a déclaré le chef de l’Etat devant la presse.
Le premier ministre britannique a en effet publié le courrier en question sur Twitter jeudi soir. « Je propose que nous mettions en place un accord bilatéral de réadmission pour permettre le retour de tous les migrants illégaux qui traversent la Manche », écrit-il.
Rappelant que « l’Union européenne a conclu des accords de réadmission avec des pays comme la Biélorussie et la Fédération de Russie », M. Johnson a dit « espérer qu’un tel accord puisse être également conclu avec le Royaume-Uni rapidement ». « Cette mesure aurait un effet immédiatement et réduirait considérablement – voire arrêterait – les traversées, sauvant ainsi des vies en brisant fondamentalement le modèle économique des gangs criminels. »
La question des traversées, qui attise régulièrement les tensions bilatérales, est délicate pour le gouvernement britannique, conservateur, qui a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit.
Ces tensions liées aux flux migratoires s’ajoutent au durcissement général des relations entre la France et le Royaume-Uni depuis le Brexit. Les deux pays se disputent notamment autour des droits de pêche dans les eaux britanniques, et Paris reproche à Londres d’avoir négocié en secret avec les Etats-Unis et l’Australie un accord de partenariat stratégique qui a précipité l’annulation d’un mégacontrat de vente de sous-marins français à Canberra.
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