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Après la lettre de Boris Johnson, les relations au plus bas entre Paris et Londres

Des bateaux de pêche français bloquent l’entrée du port de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), le 26 novembre 2021. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Au plus bas, les relations entre la France et le Royaume-Uni se sont encore détériorées vendredi 26 novembre. Moins de quarante-huit heures après la mort de vingt-sept personnes (dont sept femmes et trois enfants) dans la Manche, qui aurait dû pousser Paris et Londres à collaborer d’urgence pour éviter d’autres pertes humaines, les tensions se sont accrues.

Le coup est parti du 10 Downing Street, qui, la veille au soir, a rendu publique sur Twitter, avant même que l’Elysée en prenne connaissance, une lettre adressée par Boris Johnson au président Emmanuel Macron, proposant un accord de « réadmission des migrants illégaux ». En clair, tous les clandestins ayant traversé la Manche seraient renvoyés en France. Le « cher Emmanuel » et autres formules de politesse n’ont rien fait : l’Elysée a jugé l’initiative, sur le fond et sur la forme, comme une provocation, et la réponse d’Emmanuel Macron, en déplacement à Rome vendredi, a été cinglante.

« Ce qui s’est passé ces derniers jours est trop grave sur le plan humain pour céder aux facilités. Vous savez, la France, depuis maintenant bien longtemps, prend ses responsabilités en matière migratoire », a-t-il rappelé, avant de se dire « surpris des méthodes » du chef du gouvernement britannique « quand elles ne sont pas sérieuses ». « On ne communique pas d’un dirigeant à l’autre sur ces questions-là par tweet et par lettre qu’on rend publique. Nous ne sommes pas des lanceurs d’alerte. Allons, allons ! », a-t-il lâché, excédé.

Au-delà du contenu de la missive, qualifié d’« inadmissible », la manœuvre de Londres a été jugée si déplacée que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a décidé, vendredi, d’exclure Priti Patel, son homologue britannique, d’une réunion des ministres européens de la migration prévue dimanche. « Ensuite, nous verrons avec les Britanniques comment agir efficacement s’ils décident d’être sérieux », a appuyé M. Macron.

Malgré les foudres du président français, Boris Johnson « ne regrette pas » l’envoi de sa lettre, a fait savoir un porte-parole de Downing Street, qu’il dit rédigée dans « un esprit de coopération et de partenariat ».

« Deux dirigeants qui se battent comme des écoliers »

Les relations franco-britanniques ont-elles atteint un point de non-retour ? « Ce ton autosatisfait, cette manière de pointer du doigt la France et de rendre publique la lettre, c’est une très grosse erreur. Boris Johnson a surtout voulu s’adresser aux députés conservateurs et au grand public britannique, après la multiplication des critiques disant qu’il avait “perdu la main” » à la suite de plusieurs erreurs de politique intérieure, juge Peter Ricketts, ex-conseiller à la sécurité du gouvernement Cameron et ex-ambassadeur du Royaume-Uni en France. « Du côté français, annuler l’invitation faite à Priti Patel de participer à la réunion des ministres européens dimanche est également une erreur. Il est important de parler dans une pareille situation, et cette rencontre aurait forcément été utile », regrette l’ex-diplomate, désormais membre de la Chambre des Lords.

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