France World

Marcelo, une saison de toutes les émotions

On avait quitté Marcelo, tête basse au cœur d’une après-midi d’août qui avait tourné au cauchemar pour lui et l’OL à Angers (3-0). Ce match avait programmé un « tremblement de terre » au sien de « l’institution » pour un cadre, prolongé quelques semaines plus tôt. RMC Sport l’a retrouvé ce week-end dans une anonyme rencontre de l’équivalent de la 4ème division française (N2).

Sa longue silhouette se voit de loin, mais sa voix aussi s’entend d’encore plus loin, en ce samedi soir de novembre, dans le brouillard enveloppant le centre d’entraînement de l’OL à Décines où il s’apprête à disputer un nouveau match de championnat de National 2 avec la réserve de l’OL face à Grasse (victoire 1-0). Marcelo dirige dès l’échauffement ses jeunes coéquipiers, avec lesquels il fait corps depuis sa mise à l’écart du groupe professionnel ce lundi 16 août. Quant-vingt dix sept jours plus tard, Marcelo joue donc toujours (et bien) au football avec la jeune garde de l’Académie, qu’il entoure de ses conseils précieux, des doubles séances de la semaine au match du samedi, de Jura Sud à Décines, d’Aubagne à Toulon, de St Priest à Rumilly, à la maison ou dans les longs déplacements en bus!  

Cette présence physique et sonore tranche vraiment avec le silence qui l’accompagne: personne en effet ne parle à son sujet, ni lui, ni son entourage, ni le staff, ni même les proches des jeunes lyonnais, installés dans le froid humide d’une soirée de novembre, les « rumeurs » à son sujet émergent. Et plutôt bonnes d’ailleurs: « Il est très professionnel, très impliqué avec cette envie de transmettre », témoigne cet habitué des terrains de Décines, où il s’entraîne sans fausse note. Et dans ce match au sommet – Grasse est leader du Groupe C de N2 – Marcelo donne d’entrée le ton sur un premier contact, un tacle engagé mais propre qui envoie une forme d’énergie. Le Brésilien accompagne cela d’une attention particulière sur chaque placement de ses collègues de défense, qu’il replace constamment: « Il est habité par cette envie de transmettre aux jeunes », constate un proche du groupe. 

« Il est plus âgé que le coach… »

Il n’a pas le brassard de capitaine, mais son âge (34 ans et 6 mois), sa posture (1m91), son expérience (plus de 400 matches professionnels de Santos à Eindhoven, en passant par Besiktas, Hanovre et Cravovie sans oublier ses 167 matches avec l’OL depuis 2017) en imposent: « Il est plus âgé que le coach… » sourit-on en comparant le sien avec celui de Gueda Fofana, né 4 ans après lui!  

D’aucuns pourraient imaginer que c’est une posture dans ce bras de fer qu’il tient avec son club qui lui fait vivre une année particulière d’une prolongation en mars à une mise à l’écart en août. Car depuis la mi-août, Marcelo fait tout bien: « il progresse même au golf, sa passion depuis que son ex-coéquipier, Rafael lui a fait faire ses premiers pas sur les greens de l’agglomération lyonnaise », persiflent certains, surtout depuis un instantané sur Instagram, posté dans la foulée de sa mise à l’écart, pendant que les professionnels, sans lui cette fois-ci prenaient également 3 buts (3-3 au final) face à Clermont, une semaine après les « événements »… 

Car il faut rembobiner cette année 2021 pas ordinaire. Le pestiféré d’avant-pandémie – souvenez-vous la colère de quelques fans à son encontre dans le psychodrame de la qualification pour les 8e de finales de la fin 2019… – s’était réconcilié avec le Groupama Stadium au prix de prestations haut de gamme au retour du foot en présentiel… Il prolonge donc le 31 mars 2021 de deux ans son bail avec l’OL. Reprend la saison avec un nouveau coach (Peter Bosz) qui le met titulaire lors de ses premiers choix, un peu forcé, puisque Jason Denayer est touché par le Covid et Damien Da Silva purge des matches de suspension!

Communiqué lapidaire

Et paf, arrive ce Angers-Lyon où l’équipe de son ex-entraîneur adjoint, Gérald Baticle, peut-être un peu plus au fait que les autres des faiblesses du Brésilien pour l’avoir connu depuis 2017, le met aux supplices. Au lendemain du KO de sa prestation (aucun duel gagné, un csc) et d’une attitude jugée hautaine par le staff dans le vestiaire, il avait été convoqué dans les bureaux pour une mise au point en bonne et due forme. Tout le reste du groupe au repos ce lundi là apprendra comme tout le monde la nouvelle par un communiqué: « L’Olympique Lyonnais informe qu’à la suite de sa défaite à Angers et de l’analyse qui en a été faite par les parties prenantes de la Direction Sportive et son entraîneur Peter Bosz, il a été décidé que son joueur Marcelo prendrait part à compter de ce jour aux séances d’entraînements du groupe PRO 2 composé par ailleurs de nombreux autres joueurs sous contrat professionnel et dirigé par Gueida Fofana et Jérémie Bréchet, sous la supervision permanente de Peter Bosz. »

Le communiqué se termine froidement: « Le comportement inapproprié de Marcelo dans les vestiaires, à l’issue du match disputé à Angers, justifie cette décision prise unanimement par l’ensemble de la Direction Sportive de l’Olympique Lyonnais. Le joueur a été informé par Juninho et Peter Bosz. » A ce moment-là, sanctionné sans être licencié, l’OL se donne le temps de négocier une résiliation et/ou un transfert. Le mercato court jusqu’au 31 août. Il reste deux bonnes semaines. L’optimisme règne côté dirigeant qui compte sur le fléchissement mental du colosse brésilien. 

C’était mal connaitre le défenseur, un brin calculateur – une fois prolongé en mars, ses prestations de fin de saison avaient été quelconques… – et bien installé à Lyon avec ses enfants tout juste scolarisés. A quoi bon changer d’air, lui qui avait la bougeote jusque là: pas plus de 3 ans dans ses précédents clubs! De plus, il a de quoi relativiser sa mise à l’écart, à 300.000 euros par mois et à 34 ans, la vie peut aussi être belle en réserve, avec tous les dimanches libres, qui plus est!  

Accolades chaleureuses

Et peu importent les avis contraires au sujet de sa prolongation, signée à la fin de l’hiver du temps du duo en instance de divorce, Rudi Garcia (entraîneur) – Juninho (directeur sportif). Comprenez: les mauvaises langues soutiennent la thèse du « lobby » Rudi Garcia qui aurait poussé pour son homme de base (34 titularisations sur la saison, ses absences étant simplement justifiées par des suspensions et non des choix sportifs); d’autres, plus « neutres et factuels » évoquent un Juninho, seul décisionnaire final, pas opposé à un allongement de son bail pour ne pas déséquilibrer le groupe alors encore en route pour le titre …. La vérité est comme à chaque fois, pile au milieu.

Moins de 100 jours après donc les « événements » qui ont servi la cause de Juninho – la rigueur …- et de son 3e (et dernier?) entraîneur, Peter Bosz – son envie de mettre en place un football de possession a mis en lumière les lacunes, Marcelo ne faiblit pas dans son envie de montrer sa bonne volonté. Sa prestation aboutie avec les jeunes Gones ce samedi soir de novembre, dont il gère la fin de match avec son expérience, donnera du grain à moudre à ses défenseurs, si un jour, tout cela doit se terminer devant les tribunaux. Et ses entraîneurs ne cachent pas leur satisfaction, dans un groupe où il ne n’empêche pas vraiment l’éclosion d’un élément du centre de formation et apporte son savoir faire et sa soif de gagner. En absence de prise de parole, les images parlent d’elle-même. Celles de la fin de match gagnante où Marcelo « embrasse » tous ses coéquipiers et termine par des accolades chaleureuses avec tous les membres du staff sont ses plus précieux alliés.  

Source

L’article Marcelo, une saison de toutes les émotions est apparu en premier sur zimo news.