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Biélorussie : dans le piège de Loukachenko, des migrants syriens prêts à tout pour entrer en Europe

Six ans après la crise migratoire de 2015, lors de laquelle des centaines de milliers de familles fuyaient la Syrie en guerre, via la Turquie, pour trouver refuge en Europe, les Syriens sont cette fois pris au piège fomenté par Alexandre Loukachenko. Ils ne sont pas les seuls à se retrouver bloqués aux frontières de la Biélorussie. Poussés à l’exil par des conflits et des économies en lambeaux, Irakiens, Afghans et Yéménites, entre autres, ont eux aussi cru le dictateur biélorusse qui leur faisait miroiter une porte d’entrée vers l’Union européenne (UE). Officiellement, Minsk a mis un terme à ce jeu funeste et, à la suite des coups de semonce des Vingt-Sept, ce « trafic » de migrants a été interrompu.

Dans l’espoir de rejoindre ses trois fils aînés partis pour l’Allemagne en 2015, Oum Iyad (pseudonyme) s’est envolée pour la Biélorussie cet automne, moyennant 15 000 euros. Elle a laissé derrière elle, à Kamechliyé, fief kurde du Nord-Est syrien, son benjamin, âgé de 10 ans, et son mari. « La situation n’a cessé de se dégrader en Syrie, explique-t-elle. Mon petit ne peut pas suivre un enseignement normal. Acheter de la nourriture devient de plus en plus difficile. » A Damas, les prix ont augmenté de 50 %, entre juillet et septembre.

Dès 2011

Après avoir vécu un cauchemar à la frontière polonaise, Oum Iyad a réussi à louer un logement avec des proches en attendant de voir : « Il paraît que l’Allemagne va ouvrir un couloir humanitaire. » Le 17 novembre, Minsk a affirmé que l’UE allait faciliter l’accueil de migrants en Allemagne. Berlin n’a pas confirmé.

Bassam Al-Ahmad, directeur de l’organisation Syrians for Truth and Justice (« Syriens pour la vérité et la justice »), fait une distinction entre les séquences de 2015 et de 2021. « En 2015, la Syrie était le théâtre d’une violence inouïe. Aujourd’hui, les Syriens partent parce qu’ils ne peuvent pas vivre décemment. » Parmi les causes de la débâcle, M. Alahmad désigne les sanctions occidentales, « non pas celles qui visent des criminels de guerre [dont des personnalités du régime], mais celles qui affectent des secteurs de l’économie ». Quant aux pays d’accueil – Turquie, Jordanie, Liban –, ils font face eux aussi à des difficultés économiques, et à la lassitude des donateurs.

L’exode massif syrien, qui avait capté l’attention occidentale en 2015, avait en fait commencé bien plus tôt. Dès les premiers mois de la répression sanglante, par le régime de Bachar Al-Assad, du soulèvement populaire de 2011, la population avait fui vers les pays voisins. Cette migration n’a jamais cessé : les départs clandestins de Syriens des côtes libanaises vers Chypre ont même augmenté en 2021.

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