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Scandale dans le cricket : au Royaume-Uni, le racisme ordinaire n’est plus toléré

LETTRE DE LONDRES

L’ancien joueur de cricket Azeem Rafiq témoigne lors d’une audition parlementaire sur la gouvernance du sport, à Londres, le 16 novembre 2021. AP

Grand déballage dans le milieu du cricket britannique – une passion nationale. Azeem Rafiq, un ex-joueur professionnel du Yorkshire County Cricket Club (YCCC), a osé accuser le club de « racisme institutionnel ». Depuis, les têtes n’en finissent pas de tomber à la direction de l’un des plus anciens et fameux clubs du Royaume-Uni, fondé à Sheffield en 1863. Mais l’affaire porte bien au-delà d’un sport dont les règles du jeu restent largement obscures pour le néophyte français. Elle a pris un tour national et illustre à quel point les discours racistes stigmatisant des communautés – en l’occurrence asiatique et musulmane – n’ont plus leur place dans la sphère publique au Royaume-Uni.

Né à Karachi (Pakistan) il y a trente ans, Azeem Rafiq arrive enfant à Barnsley (Yorkshire du Sud) où, très vite, il montre des dispositions pour le cricket. Il intègre les équipes d’Angleterre de jeunes en 2006, puis fait des allers-retours entre sélection nationale et clubs régionaux, dont le Yorkshire County Cricket Club. En 2018, il vit un drame personnel – la perte d’un enfant mort-né, suivie de la fin abrupte de son contrat avec le YCCC. Quand la pandémie de Covid-19 démarre, il s’engage dans le bénévolat, comme bien d’autres Britanniques, assistant les personnels soignants du Yorkshire, puis se reconvertit dans la restauration.

« Regardez les photos des équipes et des coachs : combien de visages non blancs voyez-vous, malgré la diversité ethnique du Yorkshire et l’amour des Asiatiques pour le cricket ? », Azeem Rafiq, ancien joueur professionnel

Mais il n’a pas renoncé à témoigner : en septembre 2020, dans la presse locale et spécialisée, Azeem Rafiq commence à distiller des accusations. Il estime n’avoir pas été respecté en temps qu’Asiatique et musulman, raconte avoir été charrié régulièrement sur l’alcool. Il dénonce les réflexions systématiques, le faible nombre d’Asiatiques à son niveau dans le cricket, l’indifférence de ses coéquipiers et des encadrants quand il ose se plaindre. « Regardez les faits et les chiffres, regardez les photos des équipes et des coachs : combien de visages non blancs voyez-vous, malgré la diversité ethnique du Yorkshire et l’amour des Asiatiques pour le jeu ? », confie-t-il au site ESPNcricinfo. Le Yorkshire, ex-bastion industriel du nord de l’Angleterre, compte une forte communauté pakistanaise, la première minorité ethnique de la région (4,3 % de la population locale selon le recensement de 2011).

Le YCCC finit par ouvrir une enquête et, en août 2021, reconnaît en partie les allégations d’Azeem Rafiq, mais sans prendre la moindre mesure disciplinaire. Des députés protestent, des sponsors jettent l’éponge et début novembre, l’ECB, l’instance dirigeante du cricket en Angleterre et au Pays de Galles, prend une décision radicale en interdisant au club d’accueillir des compétitions internationales tant qu’il ne se sera pas sérieusement attaqué au racisme dans ses rangs. Un coup de tonnerre dans le milieu du cricket.

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