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Le sommet de la démocratie, un exercice d’équilibriste pour Washington

Le président américain, Joe Biden, lors d’une rencontre virtuelle avec le président chinois Xi Jinping, depuis la Maison Blanche, à Washington, le 15 novembre 2021. SUSAN WALSH / AP

Dans sa politique étrangère, Joe Biden essaie de dessiner un tableau d’ensemble : la lutte des démocraties contre le camp des régimes autoritaires, conduit par la Chine. Fatalement, cette logique se heurte parfois à l’épreuve des faits, à l’instar du contrat d’armement de 650 millions de dollars (579 millions d’euros) avec l’Arabie saoudite, annoncé début novembre.

Mais elle permet à la Maison Blanche, après l’ère Trump, de replacer les Etats-Unis au cœur d’un orchestre fragilisé, aux notes parfois dissonantes, celui des démocraties, mises à mal par le Covid-19 et une polarisation incandescente du débat public. C’est à cette fin que Washington a confirmé son intention d’organiser, les 9 et 10 décembre, par vidéoconférence, un sommet de pays au modèle politique semblable, ouvert et pluraliste à des degrés divers.

Ce rendez-vous avait été promis par Joe Biden au cours de sa campagne électorale, en 2020. De grands groupes privés et des représentants des sociétés civiles doivent y participer, mais le format vidéo et le nombre d’intervenants empêchent une vraie interactivité. Le risque, identifié par Paris depuis des mois, est celui d’une succession de monologues assez abstraits. La publication par le département d’Etat, le 22 novembre, de la liste des 110 pays invités, qui avait fait l’objet de nombreuses spéculations, représente en soi un exercice politique d’équilibrisme.

Il a été conduit au cas par cas, selon des considérations géopolitiques et bilatérales. On trouve parmi les invités des pays comme le Pakistan, la République démocratique du Congo, l’Angola ou l’Irak, mais pas la Turquie, membre de l’OTAN. On y relève aussi le Brésil de Jair Bolsonaro, l’une des incarnations de la vague des démagogues foulant au pied l’Etat de droit, mais pas la Hongrie de Viktor Orban, son cousin européen. Enfin, la présence de Taïwan, dont l’indépendance n’est pas reconnue formellement par Washington, est aussi un clair message de soutien envoyé à l’île.

Critiques de Moscou et Pékin

Sans surprise, Pékin et Moscou ont réagi de façon critique à l’annonce du sommet et de la liste d’invités. « Ce qu’ont fait les Etats-Unis prouvent que la soi-disant démocratie n’est qu’un prétexte et un instrument pour atteindre des objectifs géopolitiques, étouffer d’autres pays, diviser le monde, servir ses propres intérêts et préserver son hégémonie dans le monde », a affirmé Zhao Lijian, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois. Pékin s’oppose fermement à l’invitation lancée à sa « province », Taïwan. Au Kremlin, le porte-parole Dmitri Peskov a estimé que Washington « préfère créer de nouvelles lignes de division » entre les Etats jugés bons et les autres. « De plus en plus de pays préfèrent décider par eux-mêmes comment vivre », a-t-il ajouté, en accusant les Etats-Unis d’« essayer de privatiser le terme démocratie” ».

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