Le parti au pouvoir en Guinée équatoriale a créé la surprise en ne choisissant pas son candidat à la présidentielle de 2023 lors de son congrès, qui s’est tenu du lundi 22 au mercredi 24 novembre. C’est une première dans ce pays dirigé d’une main de fer par son président, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), parti unique jusqu’en 1991, quand le pouvoir a toléré des petits mouvements satellites ou « d’opposition », tenait son septième congrès à Bata, la capitale économique. C’est d’ordinaire l’occasion de désigner son candidat pour un mandat de sept ans à la tête du pays. Mais à la surprise générale, dans une soirée qui s’est prolongée jusque tard dans la nuit, aucune annonce de cette nature n’a été faite.
M. Obiang, qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1979, est en très net retrait de la scène politique depuis quelques mois, au profit de son fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorin », 53 ans. Ce dernier, vice-président de la République et vice-président du PDGE omniprésent en public récemment, est présenté de longue date comme son dauphin.
Il y a encore quelques semaines, ce jet-setteur revendiqué et affiché sur les réseaux sociaux, à la réputation sulfureuse, condamné en France dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis », paraissait devoir être désigné à sa place. Mais des caciques du régime tels qu’Agustin Nze Nfumu, l’un des cinq vice-présidents du PDGE, avaient présenté l’actuel président comme « l’homme de la situation », laissant entendre qu’il allait poursuivre sa fonction à la tête de l’Etat.
« C’est la personne en place qui demeure »
« Mieux vaut un ami bien connu qu’un nouvel ami à connaître », a lancé le vieux chef de l’Etat à ses partisans lors de l’ouverture du congrès, lundi, sans donner plus de précisions. M. Obiang détient, avec 42 années, le record mondial de longévité d’un chef d’Etat encore vivant à la tête d’un pays, hors monarchies.
« L’issue naturelle de ce congrès est de maintenir le statu quo, avec Teodoro Obiang candidat à un nouveau mandat », avait prédit à l’AFP, juste avant le congrès, Ana Lucia Sa, professeure de sciences politiques à l’université de Lisbonne, spécialiste de la Guinée équatoriale. « Mais il y a de plus en plus de tensions au sein de l’élite dirigeante pour préparer l’après-Teodoro », avait-elle analysé.
Pour les militants qui sortaient du Palais des congrès, l’actuel chef de l’Etat fait toujours figure de candidat naturel à sa succession. « Le fait que le fils ne soit pas désigné candidat par le congrès dit tout simplement que c’est la personne qui est en place qui demeure », a ainsi assuré à l’AFP un cacique du régime : « Le président fondateur est le candidat naturel du PDGE aux élections. »
En Guinée équatoriale, pays riche en gaz et en pétrole, la grande majorité des 1,3 million d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. De nombreux débats lors du congrès ont tourné autour de la crise économique et de la pandémie de Covid-19.
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