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La traversée dantesque de trois nageurs français met en lumière la pollution du lac Titicaca

Le nageur paralympique Théo Curin traverse à la nage le lac Titicaca, près de la ligne finale, en direction des îles flottantes Uros (Pérou), le 20 novembre 2021. CARLOS MAMANI / AFP

« Plusieurs fois, j’ai cru qu’on allait y passer », lâche Théo Curin, heureux et soulagé d’avoir rejoint la terre ferme. A 21 ans, le jeune nageur quadriamputé et vice-champion du monde handisport vient de réaliser un exploit aussi impressionnant qu’inédit : une traversée sans assistance, en totale autonomie, du plus grand lac d’eau douce d’Amérique du Sud. Le plus haut aussi, à 3 800 mètres d’altitude.

Avec ses camarades, la nageuse Malia Metella, vice-championne olympique, et Matthieu Witvoet, qui se définit comme un « éco-aventurier », ils ont nagé dix jours durant dans des eaux froides d’à peine 10 °C, tractant une barque entièrement écoconçue, sur laquelle ils ont dormi et mangé. Cent vingt kilomètres de traversée – soit trois fois plus que celle de la Manche – entre Copacabana, en Bolivie, et la baie de Puno, au Pérou.

Pendant dix jours, ils ont dû affronter tous les éléments : « Rien ne s’est passé comme nous l’avions imaginé », confie par téléphone Anne Bayard, directrice du projet et agente de Théo Curin. Tempêtes, grêle, orages : « Ils ont eu des conditions climatiques apocalyptiques ! », confie-t-elle. La traversée s’est transformée en odyssée : « Ils ont passé toute une nuit sans dormir avec leurs gilets de sauvetage, puis ils ont dû affronter une tempête, où ils se sont retrouvés avec cinq centimètres de glace sur leur radeau. »

Une année d’entraînement dans les Pyrénées

Malgré cet environnement hostile et plusieurs phases de découragement, le trio n’a pas fléchi. Une gageure pour Théo Curin notamment, amputé à l’âge de 6 ans, après une méningite foudroyante :

« Je veux donner ce message, qu’il peut nous arriver n’importe quoi dans la vie, mais qu’il faut croire en ses rêves. Mon premier rêve était de devenir champion paralympique, mais j’ai dû abandonner ma carrière car je faisais face à des inégalités, je nageais contre des mecs qui avaient leurs deux mains. Donc je me suis fixé cet autre défi. »

Les trois sportifs se sont entraînés pendant plus d’un an, notamment dans le lac de Matemale (Pyrénées-Orientales), dans les conditions proches du réel, avec séances de bains froids et de nage intense en altitude. Car sur le lac Titicaca, à 3 800 mètres, l’air est raréfié et l’effort d’autant plus difficile.

Au-delà de l’exploit sportif, les athlètes souhaitent porter un message sur l’environnement pour que leur aventure serve à la médiatisation du Titicaca, confronté depuis plusieurs années à une pollution majeure. Sur ses rives prolifère un énorme manteau d’algues vertes. Pour les communautés locales, qui vivent essentiellement de la pêche et de l’agriculture, la pollution a des conséquences désastreuses. Beaucoup d’entre elles ont dû renoncer à leurs activités traditionnelles et se reconvertir.

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