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La Chine tente d’enterrer l’affaire Peng Shuai, avec la bénédiction du CIO

Une photo publiée sur le site du Comité international olympique le 21 novembre 2021 montre le président du CIO, Thomas Bach, lors d’un appel vidéo avec la star chinoise du tennis Peng Shuai. GREG MARTIN / AFP

Enterrée l’affaire Peng Shuai ? Le slogan « Où est Peng Shuai » est en tout cas dépassé. Dimanche 21 novembre, l’ancienne championne de tennis est apparue en public lors d’une compétition junior. La veille, des journalistes de médias d’Etat avaient partagé des vidéos d’elle participant à un dîner en ville. Et dimanche soir, le Comité international olympique (CIO) a publié un communiqué annonçant que son président, Thomas Bach, avait pu s’entretenir avec la joueuse. Après plus de deux semaines sans nouvelles à la suite de ses accusations de viol à l’encontre d’un haut responsable chinois, le 2 novembre, on sait maintenant où se trouve Peng Shuai : elle est à Pékin, sans doute chez elle, et a pu sortir à plusieurs reprises pour se rendre à des événements. Rien ne dit, en revanche, que la championne est libre.

A ce titre, le communiqué du CIO est particulièrement léger : l’organisation, qui s’apprête à organiser les Jeux olympiques d’hiver à Pékin en février, a relayé la communication de Pékin, sans évoquer les allégations de viol contre l’ancien numéro sept du régime, Zhang Gaoli, à l’origine de l’affaire. « Peng Shuai a remercié le CIO pour son intérêt, pour son bien-être. Elle a expliqué qu’elle était saine et sauve à son domicile à Pékin, mais qu’elle aimerait que sa vie privée soit respectée. C’est pour cela qu’elle préfère passer du temps avec sa famille et ses amis en ce moment. » A en croire l’organisation, tout va bien pour Peng Shuai et mieux vaut la laisser tranquille.

D’après le New York Times, Peng Shuai était accompagnée lors de l’entretien par un « ami » pour l’aider à s’exprimer en anglais, alors qu’elle parle la langue couramment après quinze ans sur le circuit international. Par le passé, la Chine a souvent mis en scène les confessions forcées de dissidents, d’intellectuels ou d’anciens dirigeants déchus.

Date du jour

L’appel du CIO vient couronner les efforts de propagande de Pékin ce week-end. Une campagne qui évite les canaux officiels : les médias et la diplomatie chinoise écartent complètement le sujet. Et pour cause, l’affaire reste censurée en Chine. Ce sont des journalistes des médias d’Etat qui se sont chargés de distiller des photos et vidéos de la joueuse sur Twitter, une plate-forme bloquée en Chine. Après une série de photos soi-disant issues du compte WeChat de Mme Peng vendredi, plusieurs vidéos sont apparues ce week-end.

Samedi, le rédacteur en chef du très nationaliste Global Times, Hu Xijin, qui revendique ses liens avec le pouvoir, a publié deux courtes vidéos de la joueuse « dînant avec son entraîneur et des amies dans un restaurant » à Pékin et tournées le jour même, selon lui. La conversation a pour sujet… la date du jour. Une seconde vidéo s’attarde sur la date inscrite à l’entrée de l’établissement pour prouver l’authenticité du document, comme dans les « preuves de vie » de preneurs d’otage.

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