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En Afghanistan : « Si la sécheresse continue comme ça, je vais tout abandonner »

Par Ghazal Golshiri

Publié aujourd’hui à 06h45

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ReportageLes agriculteurs souffrent d’un manque de pluie depuis le début de l’année, qui réduit drastiquement leurs récoltes et leurs revenus.

Abdullah se souvient toujours de son enfance, lorsque les branches des grenadiers du jardin de sa famille se courbaient, tant les fruits étaient innombrables et lourds. « Avant, les feuilles de ces arbres étaient toutes vertes et les grenades grosses et juteuses. Mais depuis quelques années, les branches s’assèchent et se cassent facilement. Les feuilles, elles, sont jaunes et tombent », explique l’agriculteur de 25 ans, rencontré dans son jardin sur la route de Kandahar vers Lashkar Gah, début novembre. Les grenades qu’il a récoltées il y a quelques jours « sont toutes petites et sèches », se plaint-il. Auparavant, il arrosait ses arbres avec l’eau de la rivière Arghandab, aujourd’hui presque à sec. Désormais, il utilise principalement l’eau de son puits qu’il a foré il y a quelques années. Abdullah ne se rappelle même pas de la dernière pluie dans la région. « Disons que depuis le début de cette année [débutée le 20 mars], il n’a plu qu’une ou deux fois, beaucoup moins que les années d’avant », explique l’agriculteur au visage marqué par des années de travail sous un soleil rude.

Il n’a récolté que 750 kg de grenades, contre un peu plus d’une tonne l’année dernière. « Nous nous adaptons avec cette baisse de revenus, dit-il, lui qui compte une famille de neuf personnes. De toute façon, on n’a pas le choix. » Dans son entourage, beaucoup ont déjà baissé les bras et quitté leurs terres. Abdullah, lui, va essayer de rester et compte forer d’autres puits s’il faut.

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Non loin du verger d’Abdullah, Nakibullah, agriculteur de 35 ans, ne cesse de déplacer les sacs remplis de maïs. Avant, il arrosait lui aussi ses terres avec l’eau de la rivière. Depuis deux ans, celle-ci « ne coule que quelques jours tous les trois mois », précise-t-il. Trois de ses puits sont déjà à sec. « On doit payer beaucoup pour forer plus profondément pour arriver à l’eau, dit-il. Si la sécheresse continue comme ça, je vais tout abandonner et aller à Kandahar ouvrir une boutique, comme mes anciens voisins agriculteurs. »

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L’Afghanistan est confronté à la pire sécheresse de son histoire depuis vingt-sept ans, et l’Organisation des Nations unies (ONU), dans un rapport publié début novembre, donne l’alerte. Une catastrophe pour l’agriculture et l’économie du pays. Environ 70 % des Afghans vivent dans les zones rurales et l’agriculture représente au moins 25 % du produit intérieur brut (PIB). Les récoltes du pays devraient être inférieures de 15 % à la moyenne en raison de la sécheresse, a indiqué la FAO.

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