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« L’Union européenne sous-estime depuis trop longtemps les implications de la grave crise qui couve à l’Est »

Le casse-tête géopolitique de l’Europe orientale est à nouveau sous les projecteurs. Depuis 2015, date à laquelle la guerre dans le Donbass a été placée dans le « congélateur politique » baptisé « format Normandie » [destiné à encadrer les discussions entre la Russie, l’Ukraine, la France et l’Allemagne], les tensions récurrentes entre Moscou et les membres orientaux de l’Union européenne (UE) ont rarement inquiété au-delà des limites de la région.

Les manifestations démocratiques de 2020 en Biélorussie ont suscité une large sympathie en Europe. Leur violente répression par Alexandre Loukachenko a été suivie de quatre séries de sanctions limitées contre le régime – après quoi les Européens se sont tournés vers des problèmes plus urgents.

Mais ce que beaucoup considéraient comme une impasse gérable n’était qu’un statu quo extrêmement fragile. Aujourd’hui, ses fondations se délitent et l’Union européenne (UE) doit y porter toute son attention. Les enjeux ne sauraient en effet être plus sérieux : il s’agit de la sécurité de l’UE, de ses valeurs et de sa capacité à agir.

Répression du mouvement démocratique

A la frontière orientale de la Pologne, plusieurs milliers de migrants désespérés, bernés et trahis par le dictateur biélorusse, tentent d’entrer dans l’UE. Loukachenko est en quête d’une reconnaissance que l’Occident lui refuse en raison de sa répression du mouvement démocratique et de l’emprisonnement de centaines de ses opposants politiques.

Dans le même temps, quelque 100 000 soldats russes lourdement armés se massent à la frontière avec l’Ukraine. Cela constitue un rappel déroutant : Vladimir Poutine n’a jamais renoncé à mener à terme son objectif qui consiste à mettre Kiev au pas.

La crise migratoire pourrait aider Poutine à détourner l’attention des Européens, en vue d’une éventuelle agression de l’Ukraine. Poutine et Loukachenko, comme chacun sait, ne sont pas les meilleurs amis du monde, mais ils jouent dans la même équipe. Tandis que Loukachenko menace de couper les exportations de gaz vers l’UE, Poutine joue d’une ambiguïté soigneusement calibrée. Des avions militaires russes survolent ostensiblement – sur demande biélorusse – la région frontalière jouxtant la Pologne. Et les médias russes comme biélorusses multiplient les campagnes de propagande émaillées de menaces contre l’intégrité territoriale de la Pologne et de l’Ukraine.

Dictateurs cruels, bluff, chantage, désinformation et pièges de la connectivité – tels sont les ingrédients d’un nouveau type de conflit qui met aujourd’hui à l’épreuve la résilience et la détermination de l’UE. Les frontières entre guerre classique et affrontement non militaire sont brouillées. Il est en outre difficile de discerner les intentions qui se dissimulent derrière les provocations. L’Europe orientale se trouve confrontée à sa crise peut-être la plus grave depuis des années, une crise qui menace de bousculer sa fragile stabilité.

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