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Au procès Theranos, Elizabeth Holmes nie toute fraude et assure sa propre défense

Elizabeth Holmes, fondatrice et présidente-directrice générale de Theranos, arrive au tribunal fédéral pour son procès, à San José, en Californie, le 31 août 2021. NIC COURY / AP

Vendredi 19 novembre, Elizabeth Holmes, star déchue des biotechnologies, a témoigné lors de son procès pour fraude. Elle s’est présentée devant les jurés comme une entrepreneuse visionnaire qui a sacrifié ses économies et quitté une université renommée pour réaliser son rêve.

Elle risque de passer des dizaines d’années derrière les barreaux si elle est reconnue coupable d’avoir berné les investisseurs de Theranos, célèbre start-up spécialisée dans la fabrication de tests sanguins et dont la valeur a atteint des milliards de dollars, mais qui s’est effondrée à la suite d’accusations de fraude.

« J’ai commencé par en parler à mes parents, ils m’ont laissée utiliser l’argent économisé pour mes études pour travailler sur mon brevet, puis j’ai levé des fonds et emprunté de l’argent », a-t-elle déclaré au tribunal fédéral de San José, en Californie, au cœur de la Silicon Valley.

Mme Holmes, qui a lancé Theranos en 2003, à l’âge de 19 ans, prévoyait de produire à grande échelle des outils de diagnostic plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels, grâce à des méthodes censées permettre jusqu’à deux cents analyses à partir de quelques gouttes de sang. Mais les machines n’ont pas fonctionné.

Elle a arrêté ses études à l’université Stanford en 2004, affirmant qu’elle « passait tout son temps à faire des recherches », en contradiction avec les procureurs qui l’accusent d’avoir vendu un mensonge pour tromper les investisseurs. « Je le faisais par moi-même, j’ai ensuite créé une entreprise », a-t-elle déclaré.

Essayer et échouer

Lors de son témoignage, Mme Holmes, désormais âgée de 37 ans, a expliqué avoir été transparente sur les dépenses de son entreprise avec l’un de ses premiers investisseurs et assuré qu’elle avait essayé de « rencontrer toutes les personnes qui connaissaient quelqu’un qui travaillait dans le secteur pharmaceutique ou y travaillaient elles-mêmes ».

Elle s’est présentée à la barre après que les procureurs ont égrené leurs arguments, alors que le procès s’est ouvert il y a plus de onze semaines et qu’une vingtaine de témoins ont été entendus. Témoigner pour sa propre défense comporte des risques importants, car les procureurs peuvent s’attaquer à toute incohérence entre ce qu’elle dit au tribunal et ses nombreuses déclarations publiques.

Mme Holmes est devenue célèbre en persuadant des bailleurs de fonds reconnus, des journalistes et des partenaires commerciaux de la faisabilité de son idée qui pouvait révolutionner les analyses médicales. Elle a convaincu des personnalités influentes, comme le magnat des médias Rupert Murdoch et l’ancien secrétaire à la défense américain James Mattis, mais tout a basculé après une série d’articles publiés en 2015 par le Wall Street Journal qui remettaient en question le fonctionnement des machines de Theranos.

Avant Mme Holmes, la défense avait appelé Fabrizio Bonanni à témoigner. Cadre retraité de la société de biotechnologie Amgen, il avait été recruté en 2016 pour aider Theranos alors que la start-up était dans la tourmente. « J’admirais [la] disposition [de Mme Holmes] à écouter les positions des autres sans être sur la défensive », a déclaré M. Bonanni au tribunal. « Les gens ont tendance à écouter et à dire oui, mais. Elle n’a jamais dit “oui, mais”. »

Sa défense avait plaidé lors de l’ouverture du procès qu’elle n’était coupable de rien d’autre que d’avoir essayé et échoué à réaliser une idée visionnaire. Mme Holmes est accusée de « fraude » et de « conspiration en vue de commettre une fraude ». Elle encourt jusqu’à vingt ans d’emprisonnement pour chaque chef d’accusation.

Le Monde avec AFP

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