Longtemps fermée sur elle-même, à l’écart des problématiques internationales, la Biélorussie n’avait jamais été confrontée à une crise migratoire de cette ampleur. Cela fait plusieurs mois que le pays de 9,5 millions d’habitants voit affluer des milliers de migrants, majoritairement irakiens et syriens, attirés par le régime d’Alexandre Loukachenko qui les pousse à traverser les frontières des pays voisins pour déstabiliser l’Union européenne. Dans cette nouvelle route migratoire, Minsk, la capitale, fait office de première étape pour de nombreuses personnes qui attendent un départ en taxi vers les zones frontalières.
« Je n’avais jamais vu de migrants ici. C’est complètement inhabituel de voir tous ces gens dans les rues », explique Vadzim, un habitant de la capitale, contacté par téléphone. Le jeune opposant de 27 ans, qui a participé aux manifestations déclenchées par la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko en août 2020, est certain que le dictateur biélorusse tire les ficelles de cette nouvelle crise migratoire. Selon lui, l’homme au pouvoir depuis 1994 vise deux objectifs. D’abord, gagner « la reconnaissance des pays de l’Ouest », alors que l’Union européenne n’a pas reconnu la réélection de l’autocrate pour un sixième mandat, et « répondre aux sanctions européennes qui ont été imposées contre le pays » après les violentes répressions du mouvement d’opposition.
« Provocation organisée »
Après la Lituanie, confrontée tout au long de l’été 2021 à de nombreuses tentatives de passage, c’est désormais la Pologne, depuis la fin du mois de septembre, qui fait face à une pression importante de la part de candidats à l’exil. Ces derniers jours, la zone frontalière entre les deux pays a atteint un niveau de tension particulièrement élevé. Des milliers de migrants dorment désormais sur place, dans des camps. Mardi 16 novembre, au point de passage de Kuznica, non loin de la ville biélorusse de Grodno, des images d’hommes aux visages cachés, lançant des pierres sur les forces polonaises massées le long de la frontière, ont été massivement partagées sur les réseaux sociaux. D’autres vidéos de migrants tentant de couper ou défoncer les clôtures barbelées avec des outils ou des troncs d’arbre circulent également.
Liza, une Biélorusse qui travaille juste à côté du point de rendez-vous principal des migrants, à Minsk, devant le centre commercial Galleria, se désole de voir ces personnes « faire le jeu » des autorités. Mais selon elle, ce sont les gardes-frontières biélorusses qui fournissent « des outils et des armes pour que les migrants traversent la frontière polonaise. C’est de la provocation organisée par le gouvernement », insiste celle qui dit avoir beaucoup de compassion pour ces exilés « pris entre deux feux ».
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