France World

Covid-19 : l’Allemagne impose des restrictions aux non-vaccinés face au rebond de l’épidémie

Angela Merkel, le 18 novembre 2021, à Berlin. MICHAEL KAPPELER / AFP

Confrontés à une intense quatrième vague d’une pandémie qui a déjà tué depuis début 2020 plus de cinq millions de personnes dans le monde, et à des hôpitaux sous tension, les responsables allemands ont décidé jeudi 18 novembre d’imposer de sévères restrictions aux non-vaccinés et ouvert la voie à une obligation vaccinale pour les personnels soignants afin d’endiguer l’emballement de la pandémie de Covid-19 dans le pays.

« Nous avons besoin de mettre rapidement un frein à la hausse exponentielle » des nouvelles infections et de l’occupation des lits en soins intensifs, a déclaré la chancelière sortante Angela Merkel, au terme d’une réunion de crise avec les chefs de gouvernement régionaux, compétents en matière sanitaire. La rencontre s’est tenue alors que le nombre de nouvelles infections a bondi de 65 371 en vingt-quatre heures, selon les données de l’institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI), du jamais vu depuis le début de la pandémie.

La quatrième vague de la pandémie, qualifiée de « hautement dramatique » par la dirigeante sur le départ, a frappé la première économie européenne en pleine vacance de pouvoir, avec d’un côté le gouvernement d’Angela Merkel chargé d’expédier les affaires courantes, tandis que les trois partis SPD, Verts et Libéraux négocient pour former un nouvel exécutif début décembre. Mais le virus, « cela lui est égal », a constaté celle qui va passer les rênes du pays après seize ans au pouvoir, lors d’une conférence de presse.

Limiter la vie sociale des non-vaccinés

Dans le détail, les dirigeants ont préconisé de limiter drastiquement la vie sociale des non-vaccinés. Des mesures les visant sont déjà en vigueur dans les régions les touchées. Elles vont être étendues à l’ensemble du territoire.

La règle dite du « 2G », qui autorise seulement les vaccinés (« geimpfte ») et les guéris (« genesene ») à accéder à des lieux publics comme les restaurants ou les salles de concert sera appliquée dès que le seuil d’hospitalisation dépasse trois malades du Covid pour 100 000 habitants, ce qui est déjà le cas dans douze des seize Etats régionaux du pays. Selon cette disposition, la présentation d’un test négatif ne suffit plus si la personne n’est pas vaccinée. La ville-Etat de Berlin applique déjà cette mesure.

Lorsque le seuil d’hospitalisation dépasse la valeur de six, les vaccinés et les guéris devront, en plus de leur certificat, avoir un test négatif pour accéder à une liste d’établissements. Des fermetures de magasins, restaurants ou bars dans les régions ne sont pas exclues en dernier recours. En revanche les écoles resteront ouvertes, mais les élèves soumis à des tests réguliers.

Les responsables ont aussi décidé un retour massif au télétravail partout où cela est possible et une obligation de passe sanitaire dans les transports et sur le lieu de travail.

L’accès aux centres de soins ou aux maisons de retraite pour les visiteurs et le personnel soignant ne sera accordé que sur présentation d’un test de moins de vingt-quatre heures, y compris pour les personnes vaccinées ou guéries. Récemment, au moins onze personnes âgées sont décédées, et plusieurs ont été infectées dans un centre de soin dans le Brandebourg, où seulement la moitié des soignants était vaccinée.

Manque criant de personnel soignant

Signe de l’urgence qui sévit dans le pays, les dirigeants ont décidé d’introduire une vaccination contre le Covid-19 obligatoire pour le personnel des hôpitaux et des maisons de retraite, ce à quoi le gouvernement d’Angela Merkel s’était jusqu’ici refusé. Mais le calendrier d’application de cette mesure est encore flou.

Au niveau national, le nombre de malades du Covid en soins intensifs reste inférieur au pic atteint fin 2020, mais les hôpitaux sont plus vulnérables en raison d’un manque criant de personnel soignant. Si la situation est cette fois-ci beaucoup plus délicate dans les hôpitaux allemands, c’est qu’ils disposent de « 4 000 lits de soins intensifs de moins qu’il y a un an en raison du personnel soignant épuisé qui a quitté son emploi ou réduit son temps de travail », explique Gernot Marx, président de l’Association allemande de médecine intensive (DIVI). Selon le magazine Der Spiegel, seul un quart des 1 300 unités de soins intensifs est en mesure de fonctionner à pleine capacité, du fait du manque de soignants.

« La vaccination est et reste le moyen de sortir de la pandémie », ont insisté les responsables allemands, encourageant vivement les indécis à faire preuve de « solidarité » et à sauter le pas. La vaccination a vocation à devenir obligatoire pour les footballeurs professionnels, ont-ils encore annoncé.

En Allemagne, seulement 67,8 % de la population est complètement vaccinée, selon les derniers chiffres du RKI. Les vaccinations de rappel, recommandées depuis jeudi par la commission vaccinale allemande (Stiko) pour toute la population adulte après six mois, en sont à leurs balbutiements. La mise en œuvre rapide de ces mesures reste encore suspendue à la validation vendredi par le Bundesrat, la chambre haute du parlement, d’une nouvelle loi épidémiologique, qui en fixe le cadre légal. Elaborée par le SPD, les Verts et les Libéraux, elle a déjà été adoptée jeudi par les députés du Bundestag au terme d’un débat houleux, les conservateurs jugeant le texte « insuffisant » pour lutter efficacement contre la pandémie.

Le Monde avec AFP

Source

L’article Covid-19 : l’Allemagne impose des restrictions aux non-vaccinés face au rebond de l’épidémie est apparu en premier sur zimo news.