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Les tensions resteront vives sur le marché du gaz cet hiver

Le chantier du gazoduc Nord Stream 2 à Lubmin, en Allemagne, le 26 mars 2019. TOBIAS SCHWARZ / AFP

Les travaux sont terminés depuis septembre, mais le gros tuyau ne transportera pas de gaz entre la Russie et le nord de l’Allemagne avant plusieurs mois. La suspension de la procédure d’approbation du gazoduc Nord Stream 2 par l’autorité allemande de régulation de l’énergie, annoncée mardi 16 novembre, risque même de maintenir les cours à des niveaux très élevés sur le marché européen, ce qui tirera à la hausse le prix de l’électricité. A peine connue la décision de la Bundesnetzagentur, l’Agence allemande des réseaux, le prix pour livraison en janvier coté à Londres a bondi de plus de 18 %, pour dépasser 94 euros le mégawattheure.

Moscou souhaitait une mise en service commerciale de Nord Stream 2 à l’automne, ajoutant ainsi un corridor d’approvisionnement capable, comme Nord Stream, inauguré en 2011, de fournir 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Compte tenu de la longueur des procédures de certification, elle n’interviendra cependant pas avant la fin de l’hiver, alors que la consommation destinée au chauffage et à la production d’électricité est très forte à cette saison.

« L’inquiétude est réelle, si nous avons un hiver froid, nous pourrions avoir des coupures d’électricité en Europe », a prévenu Jeremy Weir, patron du trader Trafigura, lors d’un sommet sur les matières premières organisé en Asie, mardi, par le Financial Times. Pour éviter le maintien de prix élevés, Berlin a tout intérêt à accélérer le processus d’autorisation de cette infrastructure stratégique, financée par Gazprom et cinq groupes européens (Engie, Shell, Uniper, Wintershall Dea, OMV) et défendue bec et ongles par la chancelière, Angela Merkel.

Pouvoir de marché russe

La décision du régulateur allemand intervient à un moment critique où tout s’est conjugué pour enflammer les cours : stockages anormalement bas à la fin de l’été et en cours de reconstitution, accidents sur des infrastructures, manque de vent qui a rendu les parcs éoliens inopérants et gonflé la consommation de méthane en Allemagne et au Royaume-Uni. Le tout dans un environnement mondial où la forte demande de gaz naturel liquéfié en Asie a fait monter les prix jusqu’en Europe.

Or, Gazprom gère avec parcimonie les flux provenant de Sibérie et de l’Arctique. S’il honore ses contrats, il refuse de faire passer plus de gaz par le pipeline Brotherhood traversant l’Ukraine, un moyen de réduire le montant des droits de passage versés à Kiev, qui pourrait perdre au final 1,5 milliard d’euros. Vladimir Poutine rejette l’accusation d’utilisation de l’énergie à des fins politiques, tout en soufflant le chaud et le froid. Le président russe dispose, de fait, d’un important pouvoir de marché.

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