Après plusieurs milliers de ses concitoyens, les traditionnels « snowbirds », qui se sont rués vers la frontière américaine – rouverte le 8 novembre après presque vingt mois de fermeture –, pour rejoindre la Floride et échapper aux rigueurs de l’hiver, le premier ministre canadien reprend à son tour le chemin des Etats-unis. Il s’agit de la première visite à Washington pour Justin Trudeau depuis l’élection du président américain Joe Biden, et du premier sommet depuis 2016 entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Le chef du gouvernement canadien ne s’était pas joint, en juillet 2020, à la rencontre organisée aux Etats-Unis entre Donald Trump et son homologue mexicain Andrés Manuel Lopes Obrador, lors de l’entrée en vigueur du nouvel Accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM), signé par les trois pays nord-américains, et remplaçant l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) en vigueur depuis 1994.
Changement climatique, immigration, lutte contre le Covid-19 et compétitivité sont à l’ordre du jour de la rencontre tripartite. Mais c’est bien le dossier économique que Justin Trudeau a l’intention de privilégier lors de sa rencontre bilatérale avec Joe Biden. Les relations sont plus chaleureuses que lorsque Donald Trump était en fonction, et l’attachement du président démocrate au multilatéralisme, de même que sa volonté affichée de lutter contre le réchauffement climatique, ont été accueillis avec soulagement de l’autre côté de la frontière. Mais sa décision d’abandonner le projet de l’oléoduc Keystone XL dès son arrivée à la Maison Blanche avait jeté un premier froid. Aujourd’hui, ce sont surtout les visées protectionnistes du président démocrate – qui n’ont rien à envier à la politique « America First » menée par son prédécesseur –, qui inquiètent Ottawa.
« Barrières » et « limites »
Le jour où M. Biden, le 15 novembre, signait la loi officialisant son plan d’infrastructures de 1 200 milliards de dollars (1 060 milliards d’euros) – un plan très restrictif en matière de pièces et de fournisseurs « nationaux », de nature à exclure les entreprises canadiennes des appels d’offres lancés aux Etats-Unis –, M. Trudeau affirmait devant la presse que ces principes du « Buy American » constituaient « un défi particulier pas seulement pour les entreprises, les travailleurs ici au Canada, mais aussi pour ceux aux Etats-Unis, à cause de l’intégration de nos économies (…). Il est contre-productif pour les Américains d’amener plus de barrières et de limites au commerce entre nos deux pays ». Les échanges quotidiens entre les deux partenaires s’élèvent à quelque 2,5 milliards de dollars en biens et services.
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