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Pour le business, un accès de plus en plus difficile au marché chinois

Entreprendre en Chine? Une aventure devenue bien souvent hors de portée pour de nombreux candidats. Fini le temps – pas si lointain – où l’on débarquait à Pékin pour y créer sa PME ou sous-traiter sa production. « En quelques années, l’environnement économique et juridique a radicalement changé, confirme un industriel européen, présent sur place depuis plus de quinze ans. Le marché s’est considérablement complexifié.

Le ticket d’entrée, en capital, est désormais très élevé. » Et les obstacles, nombreux. Contraintes réglementaires, concurrence souvent déloyale – malgré une nouvelle loi plus favorable, en vigueur depuis l’an dernier, sur les investissements étrangers. Sans compter « un environnement commercial de plus en plus politisé », comme le souligne la chambre de commerce européenne en Chine dans son dernier rapport annuel. Le régime communiste garde en effet la main sur l’ensemble des rouages de l’économie, en particulier sur le secteur privé. « Le Parti est partout et peut décider à tout moment de fermer votre entreprise, témoigne un entrepreneur étranger – qui préfère garder l’anonymat – basé à Shanghai . Il faut rester extrêmement prudent et éviter tout commentaire politique. » Dans le viseur de Zhongnanhai, l’Elysée chinois: les grands patrons de la tech. L’étau se resserre sur leurs activités et leur entourage. Le charismatique Jack Ma, fondateur

ouvent hors de portée pour de nombreux candidats. Fini le temps – pas si lointain – où l’on débarquait à Pékin pour y créer sa PME ou sous-traiter sa production. « En quelques années, l’environnement économique et juridique a radicalement changé, confirme un industriel européen, présent sur place depuis plus de quinze ans. Le marché s’est considérablement complexifié.

Le ticket d’entrée, en capital, est désormais très élevé. » Et les obstacles, nombreux. Contraintes réglementaires, concurrence souvent déloyale – malgré une nouvelle loi plus favorable, en vigueur depuis l’an dernier, sur les investissements étrangers. Sans compter « un environnement commercial de plus en plus politisé », comme le souligne la chambre de commerce européenne en Chine dans son dernier rapport annuel. Le régime communiste garde en effet la main sur l’ensemble des rouages de l’économie, en particulier sur le secteur privé. « Le Parti est partout et peut décider à tout moment de fermer votre entreprise, témoigne un entrepreneur étranger – qui préfère garder l’anonymat – basé à Shanghai . Il faut rester extrêmement prudent et éviter tout commentaire politique. » Dans le viseur de Zhongnanhai, l’Elysée chinois: les grands patrons de la tech. L’étau se resserre sur leurs activités et leur entourage. Le charismatique Jack Ma, fondateur du géant Alibaba, a ainsi récemment été écarté du monde des affaires et réduit au silence. « Quelque chose a changé. On a l’impression que le secteur privé, dans sa globalité, est montré du doigt par les autorités », réagit le même entrepreneur.

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Secteurs clés

Serait-ce la fin d’une époque, celle de l’eldorado chinois? En réalité, l’usine du monde – qui concentre 28% de la production planétaire – tourne à plein régime. Dans les principaux bassins industriels du pays, c’est à peine si l’effet Covid-19 se fait encore sentir. Et les opportunités d’affaires restent nombreuses. A la condition toutefois de bien calibrer son offre avec les besoins du marché… Et avec ceux du plan quinquennal en cours (2021-2025) qui pointe les secteurs clés sur lesquels se positionner. Parmi eux: la santé, le numérique et toutes les technologies vertes qui vont permettre à la Chine d’atteindre son objectif de neutralité carbone annoncé pour 2060. Le spectre est large. Savoir cibler son marché est essentiel. C’est même un gage de réussite. « Des entreprises de services avec des offres larges et opportunistes auront du mal à se positionner, prévient Stéphane Monsallier, fondateur de System-in-motion, une SS2I basée à Shanghai. Le temps est à la spécialisation et à l’excellence. » Exit par ailleurs la Chine low cost. « Les modèles à forte valeur ajoutée sont maintenant les plus pertinents, confirme l’entrepreneur. C’est vrai du marché automobile et de celui des services financiers. »

Système d’imposition

« A l’exception de certains secteurs sensibles – comme les médias ou les télécoms – le cadre fiscal est encore “business friendly” pour les PME étrangères , juge Patrice Nordey, qui dirige depuis la Chine les opérations internationales de l’agence de conseil en innovation Fabernovel. Le niveau des taxes reste modéré, le vivier de jeunes diplômés est de grande qualité et les services administratifs sont facilement accessibles en ligne, via WeChat et Alipay notamment. »

Pour autant, les difficultés auxquelles font face ces entreprises, notamment pour les activités de taille modeste, sont nombreuses. Et de citer en particulier la guerre des talents, l’augmentation des salaires ou le renforcement du contrôle des visas de travail, qui impacte particulièrement les profils de free-lance et les micro-entrepreneurs. Autre point d’attention pour les salariés non chinois: la mise en place, dans quelques mois, d’un système d’imposition inédit – intégrant de nouvelles prestations sociales – qui devrait fortement grever leurs salaires.

Faut-il dès lors tourner le dos à cette Chine et à son régime, autoritaire, qui sélectionne l’expertise étrangère dont il a besoin et durcit à l’envi son cadre fiscal? A Pékin comme ailleurs dans le pays, ils sont finalement peu nombreux à se poser la question ainsi. « C’est un marché dont il est difficile, sinon impossible, de se passer , résume l’entrepreneur anonyme. Tôt ou tard, la Chine sera la première puissance mondiale. »

CARNET DE BORD
Le secteur privé recadré. La Chine met la pression sur les conglomérats privés, accusés de contrôler des pans entiers de l’économie du pays. Dans le viseur: les géants de la tech ou encore ceux de l’immobilier, depuis la récente déroute du promoteur Evergrande.
Tapis rouge pour les technologies propres. Dans son dernier plan quinquennal (2021-2025), Pékin pointe quelques-uns des secteurs privilégiés dont l’énergie verte, les services environnementaux ou encore les solutions liées à la ville durable.
Tension industrielle. La reprise économique s’accompagne en Chine d’une hausse vertigineuse des prix des matières premières. La poussée est générale, de l’ordre 15 à 30% en moyenne sur un an.
Fin du low cost. En dix ans, le salaire annuel moyen a explosé en Chine, passant de 5.500 euros à 13.000 euros, selon le bureau national des statistiques. Pékin, Shanghai et Shenzhen sont les villes les plus chères pour un employeur

Pierre Tiessen

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