Les images, issues des caméras de surveillance des services pénitentiaires, tournent en boucle sur les réseaux sociaux en Géorgie. Une vidéo diffusée jeudi 11 novembre montre le transfert forcé de l’ancien président Mikheïl Saakachvili, depuis sa prison de Rustavi, où il était incarcéré depuis le 1er octobre à son retour d’exil, vers un hôpital prison à Tbilissi, la capitale. On y voit le chef de l’opposition, en grève de la faim depuis quarante-trois jours, traîné sans ménagement par plusieurs hommes à l’intérieur du bâtiment puis déposé dans sa cellule, le haut du corps dénudé. « Ramenez-moi en prison à Rustavi ! Je refuse les procédures médicales. Vous êtes les esclaves de Poutine, lance l’ancien dirigeant aux gardiens. Je ne veux pas me calmer, comment voulez-vous que je me calme ? »
Mikheil #Saakashvili was taken to #Gldani Prison Hospital by force, Footage released by the Penitentiary Service sh… https://t.co/JfHM0WZ09k
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Le traitement réservé au leader pro-occidental de la « révolution des roses », un mouvement pacifique qui a chassé du pouvoir les élites postsoviétiques en 2003, a choqué au-delà du cercle de ses fidèles – estimés à 20 % de la population. Vendredi, l’ambassadeur de l’Union européenne en Géorgie, Carl Hartzell, a qualifié la diffusion de cette vidéo par le Service pénitentiaire spécial de « très discutable et regrettable » et a appelé à « faire respecter les droits fondamentaux, notamment ceux de la vie privée et de la dignité ».
De leur côté, les Etats-Unis ont enjoint les autorités à « prendre immédiatement des mesures pour garantir que la santé mentale et les besoins médicaux de M. Saakachvili soient assurés » et ont exhorté le gouvernement géorgien à le « traiter correctement et avec dignité, conformément aux normes internationales et à la loi géorgienne ». En Ukraine, où vivait en exil M. Saakachvili, le président Volodymyr Zelensky a quant à lui dénoncé des « mesures coercitives disproportionnées » à l’encontre d’un citoyen ukrainien – l’ancien président géorgien a la nationalité ukrainienne depuis 2019.
Amnesty International s’est elle aussi alarmée, dénonçant un « transfert violent » et des « menaces supposées » sur l’ancien président, « privé de dignité, d’intimité et de soins de santé adéquats ». « Cela ressemble à une revanche politique », a ajouté l’ONG de défense des droits de l’homme.
Atteintes à la démocratie
Cet épisode jette une nouvelle ombre sur la Géorgie, qui a longtemps fait figure d’exemple en matière de transition démocratique au sein de l’espace post-soviétique. L’Union européenne et les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars depuis plus de vingt-cinq ans pour soutenir cet effort et l’aider à sortir du giron de la Russie. Mais, depuis un an et les élections contestées d’octobre 2020 – remportées de peu par le parti au pouvoir, Rêve géorgien –, la Géorgie va de crise en crise, tandis que les atteintes à la démocratie se multiplient. A ce titre, le traitement réservé à l’ancien président est surveillé de près par Bruxelles et Washington.
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