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Les tensions se poursuivent à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, des dizaines de migrants arrêtés

Des soldats polonais patrouillent à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, mercredi 10 novembre 2021. HANDOUT / VIA REUTERS

En pleine crise diplomatique entre Minsk et l’Union européenne (UE), la Pologne a annoncé, mercredi 10 novembre, avoir procédé à plus d’une cinquantaine d’arrestations de migrants massés à la frontière avec la Biélorussie, où se multiplient, selon elle, les tentatives de traversée.

« Au cours des dernières vingt-quatre heures, la police a détenu plus de cinquante personnes près de Bialowieza après qu’elles ont traversé illégalement la frontière », a déclaré un porte-parole de la police régionale. Selon lui, deux groupes séparés de migrants, dont certains se sont enfuis après avoir été arrêtés, sont concernés.

Des groupes « qui attaquent simultanément la frontière »

« La situation n’est pas calme », a commenté le ministre de la défense polonais, Mariusz Blaszczak, mercredi, à la radio : « Alors qu’il y a deux jours nous avions un grand groupe concentré près de Kuznica Bialostocka et qu’il y avait (…) une tentative de traverser de force la frontière, nous avons dorénavant affaire à des groupes plus petits, quoique fournis, qui attaquent simultanément la frontière polonaise en plusieurs endroits. »

Le ministre de la défense polonais a également affirmé que des responsables biélorusses utilisaient la menace pour obliger les migrants à forcer la frontière.

Par ailleurs, Mariusz Blaszczak a tweeté mercredi deux courtes vidéos d’un tir qui, selon lui, proviendrait d’un homme armé en uniforme du côté biélorusse de la frontière. Les vidéos montrent un groupe de migrants, dont des enfants, debout près de la frontière du côté biélorusse.

Służby białoruskie zastraszają migrantów oddając strzały w ich obecności. https://t.co/GTvrW5xUYU

— MON_GOV_PL (@Ministerstwo Obrony Narodowej ??)

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU

L’Estonie, la France et l’Irlande ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, qui devrait se tenir jeudi après-midi, ont fait savoir des diplomates à l’Agence France-Presse. Cette réunion se tiendra à huis clos, ont précisé les mêmes sources.

Par ailleurs, le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est entretenu mercredi à Varsovie de la « crise aux frontières de l’UE » avec le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. Lors d’une conférence de presse conjointe, ce dernier a estimé : « Il est clair que ce à quoi nous sommes confrontés ici, c’est à une manifestation de terrorisme d’Etat. » Il a également dénoncé une « vengeance discrète » du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, pour le soutien de la Pologne à l’opposition biélorusse.

Mardi, M. Morawiecki avait aussi accusé le président russe, Vladimir Poutine, d’être le « commanditaire » de la vague de migrants tentant d’entrer en Pologne depuis la Biélorussie, assurant que cette attaque « hybride » risquait de déstabiliser l’Union européenne. Les Européens accusent en effet depuis des mois M. Loukachenko, allié de Moscou, de nourrir la crise en délivrant des visas à des migrants pour se venger des sanctions européennes prises à l’encontre de son pays pour sa répression de l’opposition depuis la présidentielle de 2020.

De son côté, le chef de la diplomatie biélorusse a accusé en retour, mercredi, l’Occident d’orchestrer la crise migratoire en cours à la frontière polonaise pour imposer de nouvelles sanctions contre Minsk. « En vue d’une cinquième série de sanctions, dont ils parlent déjà à l’Ouest, le prétexte utilisé cette fois est la crise migratoire provoquée par l’UE et ses membres frontaliers de la Biélorussie », a jugé Vladimir Makeï, lors d’une rencontre avec son homologue russe, appelant à une « réaction commune » avec Moscou. M. Makeï a dit espérer un « travail renforcé » avec la Russie, son principal allié, notamment « une réaction commune » face « aux actes inamicaux » visant la Biélorussie.

Nouvelles sanctions européennes la semaine prochaine

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a en effet affimé, mercredi, que l’UE allait étendre ses sanctions contre la Biélorussie dès la semaine prochaine. « Au début de la semaine prochaine, il y aura un élargissement des sanctions » contre Minsk, a déclaré la responsable allemande après une entrevue avec le président américain, Joe Biden, à Washington.

La décision devrait être officiellement prise lundi lors d’une réunion des ministres des affaires étrangères des 27 pays membres de l’UE. Selon des sources diplomatiques, il s’agirait de sanctionner une trentaine de personnalités ou entités, dont la compagnie aérienne Belavia, détenue par l’Etat biélorusse, et plusieurs agences de voyage. « Il est important que Loukachenko comprenne que leur comportement a un prix », a affirmé Mme von der Leyen.

Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a montré son soutien en affirmant que Minsk et Moscou avaient renforcé « efficacement leur collaboration pour contrer une campagne contre la Biélorussie déclenchée par Washington et ses alliés européens au sein d’organisations internationales ». « Nous considérons comme absolument irresponsables et inacceptables les déclarations du premier ministre polonais selon lesquelles la Russie est responsable de cette situation », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. La chancelière allemande, Angela Merkel, a demandé au président russe, Vladimir Poutine, « d’agir » contre « l’instrumentalisation des migrants par le régime biélorusse », a écrit mercredi son porte-parole, Steffen Seibert, dans un tweet.

La crise des migrants à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne constitue une « situation intolérable », a dénoncé, pour sa part, mercredi la haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, réclamant un accès humanitaire « immédiat ». « Les réponses fortement axées sur la sécurité et la politique des deux côtés y compris le déploiement accru de troupes et la rhétorique incendiaire qui les accompagne, ne font qu’exacerber la vulnérabilité et les risques auxquels les migrants et les réfugiés sont confrontés », a-t-elle également déclaré, exhortant « les Etats concernés à prendre des mesures immédiates pour désamorcer et résoudre cette situation intolérable, conformément aux obligations qui leur incombent, en vertu du droit international des droits humains et du droit des réfugiés ».

Le Monde avec AFP

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