Publié le : 09/11/2021 – 13:31
Le Parlement chilien a approuvé, mardi, le lancement d’une procédure de destitution contre le président Sebastian Piñera relative aux révélations de l’enquête des « Pandora papers ». Le Sénat devra ensuite se prononcer sur une accusation de conflit d’intérêts.
Au Chili, les députés ont approuvé, mardi 9 novembre, une procédure de destitution lancée contre le président Sebastian Piñera pour la vente controversée d’une compagnie minière, réalisée dans un paradis fiscal et révélée par l’enquête internationale des Pandora Papers.
« Il a agi en cherchant son bénéfice personnel et celui de sa propre famille, utilisant des informations auxquelles il avait accès grâce à ses fonctions de président », a dénoncé, au cours d’un débat entamé lundi matin, le député socialiste Jaime Naranjo, qui s’est exprimé pendant 15 heures, lisant un texte de 1 300 pages et appelant à « en finir avec l’impunité ».
« Je vous prie, messieurs les députés, rejetez cette accusation constitutionnelle injuste et irrecevable », a de son côté lancé l’avocat du président, Jorge Gálvez.
Non-lieu en 2017
Sebastian Piñera, un des dirigeants politiques apparaissant dans les Pandora Papers, l’enquête divulguée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), a démenti tout conflit d’intérêt dans la vente de la compagnie minière à un ami proche et clame sa « totale innocence ».
Le président de droite, un des hommes les plus riches du Chili, estime qu’il y a déjà eu en 2017 « une enquête approfondie du ministère public » et que c’est « une affaire close par la justice ».
Le parquet a toutefois fait valoir que les faits liés à la vente et à l’achat de la société minière « n’étaient pas expressément inclus » dans la décision de non-lieu de 2017.
Zone non protégée
Selon une enquête menée par les médias chiliens CIPER et LaBot, membres du Consortium international des journalistes d’Investigation (ICIJ), la compagnie minière Minera Dominga a été vendue à l’homme d’affaires Carlos Alberto Délano, un ami du chef de l’État, pour 152 millions de dollars, une transaction opérée aux îles Vierges britanniques.
Le paiement de la transaction devait être effectué en trois versements, et contenait une clause controversée qui subordonnait le dernier paiement à la condition « qu’une zone de protection environnementale ne soit pas établie sur la zone d’exploitation de la société minière, comme le demandent des groupes écologistes ».
D’après l’enquête, le gouvernement de Sebastian Piñera n’a finalement pas protégé la zone où l’exploitation minière était prévue, si bien que le troisième paiement a bien été effectué.
Course contre la montre
Pour le député Tomas Hirsch (action humaniste, gauche), le président Piñera a « ainsi empêché qu’une zone unique sur la planète soit déclarée réserve naturelle, uniquement pour favoriser ses intérêts personnels ».
Après le feu vert de la Chambre des députés, contrôlée par l’opposition (83 des 155 sièges), ce sera au tour du Sénat de se prononcer sur l’acte d’accusation constitutionnel contre le président Sebastian Piñera par un vote des deux tiers.
Une course contre la montre pour l’opposition, avant les élections générales, où un nouveau président sera élu et le Parlement renouvelé, prévues le 21 novembre prochain.
Avec AFP
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