« Nous espérons faire quelques progrès, mais honnêtement, l’écart entre nous est encore assez important. » David Frost, ministre britannique chargé du Brexit, avait annoncé la couleur juste avant sa rencontre à Bruxelles, vendredi 5 novembre, avec Maros Sefcovic, le vice-président de la Commission européenne. Celle-ci s’est effectivement terminée dans l’impasse. Que ce soit sur l’application du protocole nord-irlandais, volet crucial de l’accord du Brexit, ou sur la question de la pêche, qui oppose en particulier Londres et Paris, le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) sont apparus toujours aussi divisés.
« Nous n’avons vu aucun mouvement du côté britannique. Je trouve cela décevant et, une fois de plus, je demande au gouvernement britannique de coopérer avec nous en toute sincérité », a déclaré Maros Sefcovic à l’issue de la réunion, qui a duré presque trois heures. Les progrès ont été « limités » et les propositions européennes « ne résolvent pas de façon efficace » les difficultés actuelles, répliquent les Britanniques.
Si le problème des licences non obtenues par les pêcheurs français a retenu l’attention médiatique de ces derniers jours, la rencontre entre M. Sefcovic et M. Frost a surtout porté sur l’Irlande du Nord. Londres réclame une renégociation du protocole, qui instaure une frontière douanière en mer d’Irlande, entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord. Il s’agit d’une frontière commerciale à l’intérieur même du Royaume-Uni, considérée comme une atteinte à sa souveraineté par le gouvernement britannique.
Sur le terrain, le protocole a considérablement compliqué le commerce entre ces deux parties du pays, provoquant au début de l’année des rayonnages vides dans les supermarchés. « Aujourd’hui, les exportateurs se sont adaptés et ça se passe assez bien sur le terrain, mais c’est parce que nous avons obtenu une période de délai », explique Aodhan Connolly, le directeur du Consortium des commerçants d’Irlande du Nord. Le Royaume-Uni a en effet unilatéralement repoussé l’imposition de plusieurs contrôles supplémentaires, notamment sanitaires, qui auraient dû être mis en œuvre courant 2021.
Des propositions pour limiter les procédures douanières
Consciente de l’extrême sensibilité du sujet dans une province qui a connu une guerre civile de trente ans, la commission européenne a fini par faire un geste. Si elle a refusé toute renégociation du protocole, elle a mis sur la table, mi-octobre, des propositions pour limiter les procédures douanières. « Les formalités seront réduites de moitié, un grand nombre de produits de détail bénéficieront d’une certification simplifiée et les contrôles seront simplifiés jusqu’à 80 % », a rappelé, vendredi, M. Sefcovic, en insistant sur le fait que l’Union avait fait ainsi « un grand pas » vers Londres. Le gouvernement britannique rejette cette lecture. Il met en avant les calculs d’une chaîne de supermarché, qui estime que les propositions de la commission permettraient de réduire les délais à la frontière de quarante-huit à quarante-trois heures seulement…
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